Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

mais, quel emmerdeur

Publié le par HITOYUME

Image and video hosting by TinyPic


Les sirènes de police hurlaient en projetant rageusement des éclairs bleus devant mon immeuble.
Des badauds s'écartaient lentement devant une ambulance.
Sur le trottoir, un homme aux gants blancs examinait quelque chose sur le sol.
Je continuai mon chemin du même pas, pressée de rentrer chez moi. Il était vraiment tard et cette journée de dimanche avait été chargée.
Un policier s'interposa, me coupant le passage. Il me repoussa du bras, autoritaire !
- Personne ne passe, ma petite dame.
- Mais, Monsieur, j'habite ici ?
- Ouais, me répondit-il, condescendant, dans ce cas, vous pourriez peut-être nous dire si vous le connaissez.
Interloquée, je le suivis jusqu'au paquet indéfini, le centre de l'attention, qui occupait le trottoir.
L'homme aux gants blancs se redressa et me demanda, fort poliment du reste :
- Le connaissez-vous ?
Je m'aperçus alors que le paquet informe qui occupait le trottoir et bloquait la circulation avait des bras et des jambes. Il était vêtu d'un pyjama. Les couleurs de ce vêtement me disaient vaguement quelque chose...
J'eus un haut de cœur. Le sol était maculé de sang et l'individu était bizarrement positionné, les bras et les jambes formaient des angles anormaux. Et, horreur ! Le visage était presque méconnaissable. Il avait dû sauter d'un balcon.
Réprimant mon estomac, je me souvins alors où j'avais vu ce pyjama. C'était, il y a huit jours, dans la salle de bains. Louis avait été à la laverie et il avait étendu son linge sur mon séchoir, le temps qu'il finisse de sécher.
C'était vraiment un maniaque ce Louis ! C'était le genre d'homme à plier son pantalon suivant les plis avant de faire l'amour. Je pense que pointilleux comme il était, il devait même repasser tout son linge avant de rejoindre sa copine au lit...
Oui, c'est vrai, je parle de Louis, mais vous ne pouvez pas savoir que cet homme n'a jamais eu de place dans ma vie, juste un peu de place dans la chambre d'amis, provisoirement, le temps qu'il se retrouve un appartement.
D'ailleurs, j'ai eu tort de lui laisser passer le seuil de mon petit chez moi.
Avec lui, j'avais tous les inconvénients d'un homme à la maison, sans en avoir les avantages. Il lui fallait ses repas à heures fixes. Il essuyait TOUJOURS ses couverts avant de commencer à manger. Tellement maniaque qu'il allait laver son linge à la laverie et qu'il le repassait lui-même. De plus, chiant à commenter à voix haute les émissions de télé.
Depuis qu'il m'a envahie, les copains refusent de venir me voir. Ils jugent, et ils ont raison, qu'ils n'ont pas à subir les méfaits de cet emmerdeur, de ce monsieur je sais tout.
Pourquoi avait-il sauté par la fenêtre ? C'est simple : Louis avait cumulé ses peines de cœur avec le rejet de mes amis. Que sa petite Lola le mette dehors après un doigt de vie commune l'avait heurté. De se faire rejeter au boulot l'avait assommé.
Mais, en plus, se faire rejeter par ma bande de copains l'avait achevé. Vraiment sympas, mes copains, mais dès le premier soir, ils avaient catalogué Gustave comme emmerdeur et ils l'avaient snobé...
Alors, Louis s'est mis à déprimer... Il a été consulter. Le médecin l'a mis en arrêt de travail, un avantage : ça lui évitait le chômage. Et il est allé, tous les jours, s'étendre sur le divan d'une psychiatre. Fort jolie la psychiatre, d'après lui. Mais au bout de trois semaines, elle a refilé Louis à un de ses collègues, sans explications.
C'est depuis ce jour que Louis a des idées de suicide.
Bonne fille, j'avais pensé qu'il respecterait mon domaine...
Depuis des jours et des jours, j'angoissais. Comment allais-je le retrouver ? J'avais peur qu'il se suicide au gaz ou qu'il se pende dans le salon. À moins qu'il ne s'ouvre les veines dans la baignoire...
Ce soir, je me sens soulagée. Heureusement, il a pensé à disparaître sans détruire ou polluer mon appartement...
Désolé mon cher Louis d'avoir de telles pensées devant ta dépouille mortelle. C'est vrai que tu étais un emmerdeur et il y a longtemps que j'aurais dû te mettre à la porte, moi aussi. Mais je suis trop bonne fille et je ne voulais pas ajouter à tes chagrins.
Enfin, merci quand même de partir sans faire trop de dégâts... Du moins, je l'espère.
Les policiers ont été très gentils. Ils sont montés avec moi pour voir si Louis avait tout laissé en ordre et vérifier s'il y avait une lettre pour expliquer son geste.
Sur le palier, encadrée par deux beaux hommes en uniformes, j'ai ouvert mon sac à main, sorti ma clé.
Bizarre, je n'arrivai pas à la rentrer dans la serrure ?
Le beau brun à ma gauche prit délicatement la clé de mes mains. Il la glissa dans la fente, un peu, un peu plus...
Lui aussi jura !
- La clé ne rentre pas dans la serrure !
Alors, d'un ton détaché, son collègue conclut :
- Je te parie qu'avant de sauter, il a fermé la porte à clé et la clé est restée dans la serrure... Il voulait que personne ne le retienne.
Je réalisais que j'allais devoir appeler un serrurier, un dimanche soir !
Mais, quel emmerdeur, ce Louis !


mais, quel emmerdeur


Image and video hosting by TinyPic

Commenter cet article
T
il y a des personnages qu' il vaut mieux ne pas héberger, parce qu' aussitôt, ils se considère chez lui et prend toutes ses aises !
Répondre