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l'insaisissable Lexilis

Publié le par HITOYUME

On conte qu'autrefois vivait à Tunis un fameux enchanteur nommé Lexilis. Nul ne l'égalait, dit-on, en matière de magie; à tel point que certains assuraient qu'il avait passé un accord en bonne et due forme avec Eblis, le roi des démons.
Quoiqu'il en soit, Lexilis avait une façon si ironique, si finement légère de déployer ses prestiges, soit pour amuser, soit en vue d'illustrer quelque vérité morale, que les ilbéciles de Tunis ne décoléraient pas. Le roi surtout, home stupide, vaniteux et brutal, qui ne supportait ni supériorité, ni originalité chez autrui, le détestait bien fort, de sorte que, par une fatale progression, son animosité jalouse se mua peu à peu en une haine féroce. Vint donc le jour où il résolut de faire arrêter Lexilis et de le livrer au bourreau.
Lorsque les gardes du roi se présentèrent chez lui, l'enchanteur était en train de jouer aux cartes avec son chat.
- Je sais ce que vous venez faire ici, dit-il aimablement au capitaine, mais permettez que je finisse la partie. Et il déposa l'as de coeur sur le tapis, rempportant du même coup la victoire.
- Vous avez là un chat bien intelligent, lui dit l'officier.
- Peuh ! répliqua négligemment Lexilis, pas tellement, car chaque fois qu'il a un beau jeu, il ne peut s'empêcher de remuer la queue...
Sur quoi il se remit de fort bonne grâce entre les mains de son interlocuteur, qui le conduisit incontinent à la prison d'Etat.
Là, il fut chargé de chaînes : aux poignets, aux chevilles, à la taille et au cou. Après avoir vérifié la solidité des triples barreaux de la fenêtre, le capitaine des gardes se retira le dernier et assujettit lui-même les nombreux verrous qui bardaient la porte.
A cet instant, quelqu'un lui toucha l'épaule. Il se retourna : c'était Lexilis !
- Il faudra procéder avec plus de soin à l'avenir, mon ami, dit le magicien, sans quoi Sa Majesté ne sera pas satisfaite.
L'officier bondit en avant... et alla donner du nez contre le mur, car l'enchanteur avait disparu !
Tout à fait désorienté, il courut au palais pour y faire son rapport. Comme il arrivait, Lexilis entrait dans la salle du trône, portant cérémonieusement un plateau chargé de pistaches !
L'enchanteur vint s'agenouiller devant le roi et lui dit d'un ton cavalier et suprêmement insolent :
- Sire, acceptez donc, en remerciement de vos bontés, ces quelques friandises...
- Qu'on se saisisse de lui, hurla le roi, outré de colère.
Aussitôt, sur l'ordre du capitaine des gardes opportunément revenu de son étonnement, les soldats présents se jetèrent sur Lexilis, qui s'évapora instantanément, tandis qu'ils se retrouvaient étreignant violemment un chien mort !
Alors, on aperçut Lexilis assis, un livre à la main, au pied de la fontaine qui rafraichissaitn la place du marché !!!
Tous sortirent en courant, le roi en tête.
- Votre Majesté devrait lire les poètes, observa tranquillement le magicien. Rien de tel pour calmer les nerfs.
Au même moment, la fontaine se mit à bouillonner, déborda en cataracte, et une seconde plus tard la place était transformée en un lac tourbillonnant et plein de remous étouffants. Puis en entendit un coup de gong, et l'illusion se dissipa.
- Arrêtez cet homme, proféra furieusement le roi. Aussitôt les soldats furent jetés à plat ventre, la tête coincée entre deux piquets croisés !
Mais le roi avait vu un morceau de parchemin tomber de la ceinture de l'enchanteur. Il se précipita dessus.
- Je tiens son grimore, cria-t-il triomphalement, le voilà désormais impuissant !
De fait,, les soldats furent aussitôt libérés, et Lexilis se laissa arrêter sans opposer de résistance.
Condamné à être rompu vif, il fut amené le lendemain matin à l'échafaud qu'entourait une troupe imposante.
Le bourreau, l'ayant ligoté sur un chevalet bas, leva sa terrible barre de fer. Mais le premier coup lui fit sauter un énorme flot de vin au visage, car Lexilis avait disparu, laissant à sa place une grosse barrique.
On entendit un éclat de rire à l'autre bout de la place, et l'on vit Lexilis qui armé d'un fouet, tenait un joli poney par la bride.
- Adieu, Sire, dit-il, je quitte votre inhospitalier royaume ! Mais permettez-moi avant de partir de vous fire un cadeau...
Il fit un signe, et le roi se trouva soudain gratifié d'une superbe paire d'oreilles d'âne !
Puis le fouet s'envola en sifflant, le poney bondit et saisit le manche entre ses dents, Lexilis empoigna au vol la queue de l'animal et s'éleva à son tour, tandis que son chat poussait la tête hors de sa poche en criant :
- Miaou !
Béante, l'assemblée les suivit des yeux. Ils s'enfoncèrent dans les nuages blancs et nul ne les revit !
C'est à dater de ce jour, que le roi de Tunis porte un énorme turban pour cacher ses oreilles d'âne.

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T
ah que je rêve d'avoir un tel pouvoir
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