les larmes du vent

moi... Jigoro  KANO

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REMARQUE : ce récit est tiré d'une thèse sur Jigoro KANO d'Yves CADOT, 6ème dan de judo, docteur de l'Université de Paris. Maître de conférence à l'Université de Toulouse.

RANDORI, LE SECRET DU JUDO (2/3)

En fondant le Kodokan en 1882, Jigoro Kano met le "randori" au coeur de sa conception. Il est d'ailleurs le premier à utiliser le terme, en convoquant un autre idéogramme pour "ran" qui veut dire alors "sans ordre". Avec son étonnante pertinence, il comprend qu'il faut limiter l'utilisation des kansetsu-waza, les contrôles par des clés, dans ce type de travail pour faire la part belle à la liberté de mouvement et à la pratique des nage-waza, les projections, qui n'est pas tellement développée ailleurs. Le randori n'est plus réservé aux experts, il est mis au service des pratiquants dès le début de leur apprentissage, dans une forme à la fois protectrice pour le corps et exceptionnellement dynamique et formatrice. Le judo est inventé.
Nous sommes, plus de cent ans plus tard, les héritiers des pionniers de cette expérience. Entre Kano et nous, des millions de pratiquants ont profité de cet exercice total, non seulement pertinent pour créer la fameuse "forme de corps" du judo et transmettre les techniques dans leur vitalité et leur efficience, mais aussi un étonnant levier de découverte de soi-même, de relation aux autres, au corps, aux valeurs sous-jacentes, aux structures souterraines.
Jigoro Kano a inventé le judo, il a peut-être surtout inventé le randori, un formidable outil de transformation, d'amélioration de soi-même, de plaisir et d'échange, un jeu fabuleux en même temps que le moyen essentiel de s'emparer de toute la richesse de la discipline, de devenir un combattant, peut-être un maître.
Mais cette expérience, cet outil merveilleux, ne se livre pas sans un effort constant, et d'abord de compréhension de ce qu'il est vraiment.

A  SUIVRE