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l'essentiel oublie

je suis persuadé

Publié le par HITOYUME

Je suis persuadé que certains d’entre vous se sont demandé comment une religion comme le boudhisme zen a pu de façon aussi inextricable être liée aux arts martiaux en général mais plus particulièrement à la voie du sabre, apanage de la caste des guerriers au Japon. En effet, partout où il s’est implanté, le boudhisme a prôné la compassion et l’amour des autres qui sont des attitudes fort éloignées des activités guerrières.
Le zen, dès son implantation au 12ème siècle au Japon, a intimement instillé un certain parfum qui a embaumé l’éthique des samurai, alors que le boudhisme était déjà bien installé. Le boudhisme fut introduit au Japon, en provenance de la Corée, en 522. Religion étrangère, elle se heurta à une forte résistance avant d’être reconnue par l’empereur Yomei en 585. C’est sous le règne de cet empereur que le boudhisme devint une religion officielle au Japon. Au cours des siècles suivants, le boudhisme s’ancra à la cour de l’empereur. Durant l’ère Heian (794-1184), on assista au développement de deux écoles : le Tendai et le Shingon qui devinrent les formes dominantes du boudhisme au Japon. Les relations entre cette religion et la cour devinrent de plus en plus étroites au point que le boudhisme se transforma en religion d’état. Ce fut dans ce contexte que le boudhisme zen fut introduit en 1191 au Japon, par des moines revenant de Chine.
Les historiens s’accordent pour affirmer que c’est Eisai (1141-1215), un moine de l’école Tendai du mont Hiei, qui d’un retour de Chine, rapporta les premiers éléments du zen. Eisai, installé dans la région de Kyoto, eut du mal à développer cette nouvelle religion en raison de la résistance des vieilles écoles de boudhisme qui avaient fait de cette même région leur centre. Ce fut son disciple, Dogen (1200-1253) qui, après un voyage sur le continent chinois, rapporta véritablement les éléments de cette religion. C’était en 1228. Il enseigna la « voie du zen » aux guerriers de Kamakura.
Qui étaient les samurai de Kamakura ? C’étaient les vainqueurs d’une guerre intérieure les opposant aux nobles de la cour. En effet, du 10ème au 12ème siècle, le Japon vit la montée en puissance d’un clan, les Fujiwara qui, par le jeu des alliances matrimoniales avec la famille impériale, avait fini par détenir toutes les rênes du pouvoir. La cour impériale, où régnait une atmosphère policée et ritualisée inspirée du modèle de la cour chinoise, bruissait en réalité d’intrigues et de luttes voilées entre différentes familles, en vue d’accroître leur pouvoir, ce qui aboutissait à des conflits armés opposants les partis rivaux.
Aussi, ces familles cherchaient-elles l’appui de clans de guerriers provinciaux, tels que les Minamoto et les Taira. Ils vivaient sur des terres à la frontière du nord, dans des conditions dures. Ce fut ainsi que les guerriers de province virent leur pouvoir s’affirmer. Le conflit qui opposait les Minamoto aux Taira abondait en hauts faits, mais aussi en trahisons et bassesses, racontés par des récits épiques. Il se solda par la victoire des premiers sous le commandement de Minamoto Yoritoma, qui devint le chef militaire le plus puissant du Japon, rassemblant sous sa bannière tous les clans du nord.
Nommé shogun, le plus haut titre militaire, par l’empereur, il devint le personnage central du gouvernement impérial. Pour prévenir ses guerriers de l’amollissement de la vie de la cour de Kyoto, Minamoto installa la capitale shogunale dans ses terres, à Kamakura.
Elevés dans la guerre, ces bushi de province passaient leur temps à chasser et à s’entraîner aux métiers des armes. Si les philosophies boudhistes qui prônaient la douceur avaient une grande influence à la cour impériale, elles n’avaient que peu d’influence sur eux. Et pourtant le zen s’implanta au Japon grâce en partie aux bushi de Kamakura, sous la régence de Hojo. Hojo Yasutoshi devint le premier converti. Il fut suivi par la suite par d’autres régents hojo.
Le zen fut facilement adopté par les bushi car il se présentait comme un entraînement mental, prônant la simplicité, la droiture, le courage et le mépris de la mort et il convenait de ce fait parfaitement aux aspirations de la société nouvelle créée par les clans guerriers. Ils marquaient ainsi, une fois de plus leur indépendance par rapport à la société aristocratique de la cour de Kyoto.
Le zen convenait aux guerriers car son enseignement pouvait être le pivot spirituel de leur métier.

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