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l'apprenti assassin

Publié le par HITOYUME

les enquêtes de Gustave CHERCHEBIEN


- J'ai entendu certaines rumeurs, dit Michaux, selon lesquelles vous...
Il tourna la tête et regarda autour de lui pour bien s'assurer qu'il était seul avec le pharmacien dans la minuscule boutique. Le pharmacien était un petit homme noueux, semblable à un gnome, qui pouvait avoir n'importe quel âge entre cinquante et cent ans. Ils étaient seuls, mais Michaux baissa la voix tout de même :
- ...selon lesquelles vous possédriez un poison absolument impossible à détecter.
Le pharmacien hocha la tête. Il contourna le comptoir, ferma à clef la porte d'entrée du magasin puis se dirigea vers une porte placée derrière le comptoir :
- J'étais sur le point de faire une pause café, dit-il. Venez prendre une tasse avec moi.
Michaux fit le tour du comptoir et franchit derrière le pharmacien la porte qui menait à l'arrière-boutique. C'était une pièce tapissée de fioles, du sol au plafond. Le pharmacien brancha la cafetière électrique et trouva deux tasses qu'il plaça sur la table. Deux chaises se trouvaient de part et d'autre de celle-ci. Le pharmacien fit signe à Michaux de s'asseoir sur l'une d'elles et prit l'autre.
- Maintenant, fit-il, dites-moi. Qui voulez-vous tuer et pourquoi ?
- Est-ce que cela a de l'importance ? demanda Michaux. Ne suffit-il pas que je paie le...
Le pharmacien l'interrompit en levant la main.
- Oui, cela a de l'importance. Je dois être convaincu que vous méritez ce que je vous donne. Autrement... Il haussa les épaules.
- Très bien, dit Michaux. Le qui c'est ma femme. Le pourquoi...
Il s'embarqua dans un long récit. Avant qu'il n'eût tout à fait terminé, la cafetière électrique avait achevé sa tâche et le pharmacien l'interrompit un instant pour aller chercher du café pour tous les deux. Michaux termina son récit.
Le pharmacien hocha la tête :
- Oui, il m'arrive de temps en temps de fournir un poison impossible à détecter. Je le fais gratuitement; je ne me fais pas payer, si je pense que le cas le mérite. J'ai aidé de nombreux meurtriers.
- Parfait, dit Michaux. Je vous prie, donnez-le moi en ce cas.
Le pharmacien lui sourit :
- C'est déjà fait. Quand le café a été prêt, j'avais déjà décidé que vous le méritiez. Comme je vous l'ai dit, c'est gratuit. Mais je fais payer l'antidote.
Michaux pâlit. Mais il avait prévu, sinon ceci, du moins la possibilité d'un double jeu ou d'une forme quelconque de chantage. Il sortit un pistolet de sa poche.
Le petit pharmacien ricana.
- Vous n'oseriez pas vous en servir. Etes-vous capable de trouver l'antidote...
Il désigna de la main les étagères.
- ...parmi ces milliers de bouteilles ? Où trouveriez-vous un poison plus rapide et moins virulent ? Ou si vous pensez que je bluffe, que vous n'êtes pas véritablement empoisonné, allez-y, tuez-moi. Vous connaîtrez la réponse d'ici trois heures quand le poison commencera à agir.
- Combien pour l'antidote ? grommela Michaux.
- Tout à fait raisonnable... Mille euros. Après tout, il faut bien vivre; même si la manie d'un homme est d'empêcher les meurtres, il n'y a pas de raison qu'il n'en tire pas d'argent, n'est-ce pas ?
Michaux grommela, mais reposa son pistolet. Puis il sortit son portefeuille tout en gardant l'arme à portée de main. Peut-être pourrait-il encore s'en servir, une fois en possession de l'antidote. Il compta mille euros en billets de cent et les déposa sur la table.
Le pharmacien ne fit pas un geste pour les prendre. Il dit :
- Une chose encore, pour la sécurité de votre femme et la mienne. Vous allez me rédiger une confession du projet que vous formiez d'assassiner votre femme, projet qui se trouve dépassé, j'espère. Puis, vous attendrez que je sorte et que je la porte à Cherchebien, un ami de la brigade des homicides. Il gardera cette confession à titre de pièce à conviction au cas où vous décideriez effectivement un jour de tuer votre femme, ou bien moi, d'ailleurs. Une fois cette confession adressée, je pourrai en toute sécurité revenir ici et vous administrer l'antidote. Je vais vous donner un papier et une plume. Oh ! une chose encore, bien que je n'insiste pas sur ce point de façon formelle. Je vous en prie, aidez-moi à répandre la nouvelle de mon poison impossible à détecter, voulez-vous ? On ne sait jamais, Monsieur Michaux. Il se pourrait si vous avez des ennuis, que la vie que vous sauviez soit justement la vôtre.

A  LUNDI

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T
une morale bien personnelle et qui rapporte pour ce pharmacien !<br /> à lundi
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