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l'essentiel oublie

dans la mythologie

Publié le par HITOYUME

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Image and video hosting by TinyPic Dans la mythologie ancienne, le Japon avait la réputation d’être « le pays des 1000 belles hallebardes » et très souvent sur les illustrations représentant les bushi, on les voyait revêtus de leur armure avec leur lance. Cette arme venait, selon la tradition, tout de suite après l’arc et les flèches par ordre d’importance. Les premières lances provenaient de Chine. Leur lame était grande et leur manche long et fin. D’après le hoko (hallebarde) serait la plus vieille arme en forme de lance issue des modèles continentaux dont se servaient abondamment les écoles de bujutsu. Dans certains textes que l’on trouve de nos jours dans les écoles d’arts martiaux, les maîtres qui voyagèrent en Chine rapportèrent de très nombreuses et riches méthodes d’utilisation de hoko. Tant par la forme que par la structure, la véritable lance japonaise (que l’on désigne généralement sous le terme de yari) est comparable aux autres armes blanches de ce pays quant à la haute qualité de son acier, à sa légèreté et à son maniement aisé.

Les grands maîtres forgerons façonnèrent les lances des bushi avec les mêmes soins et la même imagination qu’ils prodiguaient à leurs sabres. Un fourreau protégeait la lame de ces lances (cette protection faisait partie du règlement militaire en vigueur dans les clans). Les hampes (nakae) de poids et de dimension variables étaient faites à partir d’un bois de qualité supérieure, séché et traité avec grande minutie.

En règle générale, on décorait et rehaussait ces hampes de bandes et d’anneaux de métal servant à renforcer les endroits soumis aux plus grandes pressions ; ceux où s’appliquait l’effort de levier et ceux servant à parer les coups. Ces hampes avaient un côté impressionnant quand on les voyait rangées soit dans le modeste ratelier (yari hake) de la maison du bushi, soit ornant le mur où se trouvaient rassemblés les emblèmes dans la demeure du daimyo. Les têtes de lance (tout comme les têtes de flèches) variaient en forme et en longueur, mais elles étaient moulées dans le meilleur acier, celui dont on se servait pour fabriquer les sabres. Leur classification s’établit en trois groupes principaux : têtes droites, incurvées et divers. Les lances à têtes droites étaient les plus communes. Ces têtes à double tranchant ressemblaient en plus petit à l’ancien sabre japonais (ken). Selon leur longueur, leur décoration, la forme de leur pointe (yari saki), leur moulage, l’acier employé, on obtenait différents types de lances tels que : su yari et omi yari. Le tsukushi boko, tête de lance en bronze de grande taille, était jadis utilisé, surtout, par les guerriers de Tsushima. Le shakujo yari, autre type de tête droite, était placé innocemment au bout d’un bâton de pèlerin que « portaient les samurai quand ils effectuaient incognito des missions secrètes ». On trouvait également une grande variété de javelots. Plume, l’uchine était le plus connu ; le nage yari était plus long et le plus solide ; il y avait aussi le naguya, le te yari ou le te boko et enfin le grand makua yari.

Que ce soit sur le champ de bataille ou à l’intérieur des maisons, on gardait ces javelots à portée de la main. Hommes ou femmes s’en servaient indifféremment soit comme missile mortel soit comme lance (yari) pour donner ou parer les coups échangés lors des combats au corps à corps. La lame du nakamaki fait la transition entre les lances à têtes droites et les lances à têtes incurvées. Le nakamaki ressemble au naginata, lance renommée et très populaire auprès des bushi. Le naginata est souvent traduit en anglais par le terme halberd (hallebarde) qui est impropre. Le mot hallebarde « est une traduction inexacte. En effet, le naginata japonais (mot à mot sabre long) n’a pas une extrémité en forme de hache. Sa lame ressemblait plus à celle d’un cimeterre fixée sur un fût légèrement plus long. A l’origine seuls les moines guerriers utilisaient cette arme. Mais dès le XIème siècle, époque qui vit débuter le long affrontement des clans Minamoto et Taira, le naginata eut la faveur des militaires. Il présentait en effet la double avantage de pouvoir trancher et transpercer ». La lame du naginata était en fait comparable à celle du sabre, incurvée à l’endroit où sa forme était la plus prononcée. Il en existait trois sortes. La première, la lame tsukushi naginata était archaïque : la hampe se trouvait insérée dans une boucle de métal située au dos de la lame. La seconde, plus commune, voyait sa soie (ou base) protégée par la hampe. La troisième, plus rare, était munie d’une sorte de joint permettant la fixation (ta no saki) de la hampe. Les lames de ces naginata étaient protégées par des fourreaux appropriés et leurs hampes abondamment laquées portaient des ferrures en signe de décoration.

Le naginata connut de plus en plus d’adeptes non seulement parce qu’il offrait de grandes possibilités d’action au combat, mais aussi parce que de nombreuses écoles en enseignèrent le maniement complexe et la richesse d’utilisation. En fait, certains auteurs pensent que le port d’armure sur les jambes et les parties inférieurs du corps répondraient à l’emploi grandissant du naginata et aux coups mortels qu’il portait. Cette arme se voyait conférée le titre de « lance de femme ». En effet les femmes de buke devaient en connaître le maniement dès l’âge de 18 ans. « La hallebarde était l’arme des femmes de sang royal. Celle de Kesa Gozen, l’une des compagnes de Yoshitsune (héros du XIIème siècle), est conservée à Asakusa. Dans les familles traditionnelles, on apprenait aux jeunes filles le maniement de la hallebarde. Jadis, la femme ou la fille du bushi devait faire montre de son courage et de ses capacités au combat quand survenait une période difficile dans la carrière de leur mari ou de leur père. Naginata en main, ces femmes accomplirent souvent de hauts faits d’armes. De nos jours on peut encore assister au Japon à l’un des plus grâcieux et intéressant spectacle qu’il soit donné de voir : des femmes hautement entraînées s’exercer au maniement de cette arme ». Quand il était à cheval, le bushi, de rang supérieur, portait sa lance contre sa jambe ou contre son étrier maintenue dans un support « de fer ou de cuivre, le yari ate (yari hasami ou yari sashi). Les modèles les plus perfectionnés étaient munis d’un pivot central qui gardait à la lance toute sa mobilité ». Les fantassins (ashi) portaient leurs lances et souvent même celles de leurs officiers sur l’épaule.

De nombreux ryu et sensei se spécialisaient, parfois exclusivement, dans l’emploi de la lance de combat. Hozo, le plus connu de ces ryu, tirait son nom du monastère Hozo où l’on pratiquait le combat à la lance. La renommée du Shinkage ryu venait de l’adresse de ses escrimeurs. On note dans les ouvrages consacrés au bujutsu que le guerrier armé d’une lance et formé dans l’une de ces écoles était redouté de tous, non seulement par les guerriers armés du katana, mais même par les groupes de combattants. En effet, il pouvait les mettre en fuite en effectuant avec sa lance des mouvements complexes et mystérieux provoquant la mort de ses adversaires. Avec cette arme qu’il faisait tournoyer autour de lui, il pouvait couper, transpercer, taillader l’ennemi et même parer ses coups. De rudes et féroces compétitions opposaient les élèves de ces écoles. Ils parcouraient souvent, seuls ou en groupe, le Japon de long en large. Ces périples leur permettaient de s’entraîner avec différents maîtres et d’apprendre d’autres méthodes de combat. Au cours de leurs déplacements, ils acceptaient les rencontres en les provoquant même tant ils souhaitaient évaluer leur adresse et affirmer leur réputation. Pour ces passes d’armes, dont on trouve force détails dans les chroniques d’arts martiaux, ils se servaient de véritables lances de guerre. Ces affrontements se soldaient le plus souvent par la mort du perdant qui la recevait de son adversaire, soit de la sienne, s’il estimait n’avoir pas été à la hauteur du combat. Lors de la période Tokugawa la loi fit interdire ces duels à mort sauf quand il s’agissait d’une revanche, d’un cas de légitime défense ou d’une attaque surprise.

Sur le plan social, cette interdiction réduisit les effets négatifs de ces duels. Pour bon nombre de ces tournois, contrôlés ou non par les autorités officielles du clan, l’usage de véritables lances remplaça les lances de bambou (rake yari) ou les lances mouchetées (tampo). Il y avait deux méthodes principales d’utilisation des lances : yarijutsu ou art du combat à la lance droite et la naginatajutsu l’art du combat à la lance recourbée. Chacune de ces méthodes, elles-mêmes sous divisées en techniques secondaires, s’appliquaient aux divers types de lances et javelots. Les techniques de base comme : porter l’estocade (tsuki), frapper (kiri) et parer les coups étaient identiques pour toutes les armes blanches. Les positions de départ, puis celles préparatoires au mouvement, la façon d’avancer vers l’adversaire, de se mettre hors de sa portée, d’atteindre une cible ou d’éviter une attaque, tout ceci variait d’une école à l’autre et à l’intérieur d’une même école, d’un maître à l’autre. De nos jours, on retrouve dans le jojutsu (art du bâton enseigné dans les écoles de jodo) quelques unes des techniques du yarijutsu. On enseigne d’autre part le jojutsu dans certaines écoles d’aikido comme exercice complémentaire. Nous avons la certitude qu’à l’époque féodale on employait chaque partie du yari, même son extrémité inférieure ; elle était en effet armée d’une pointe métallique.

Autre certitude, le kai kumi était la position de départ (la lance près du corps d’après certaines méthodes). Nous savons aussi que certains maîtres enseignaient des mouvements très complexes, hauts et bas (jumonji yari) permettant non seulement de frapper l’adversaire de face, mais aussi par derrière en effectuant des mouvements circulaires. D’autres écoles se spécialisaient dans le kagi yari, méthode qui offrait la possibilité de saisir l’adversaire, de parer ses coups et de les dévier. La forme incurvée du naginata dont se servaient les adeptes du naginatajutsu permettait un maniement circulaire dont allait s’enrichir la technique du yari. Dès le milieu de l’ère féodale et durant la période précédant le Meiji, malgré l’influence grandissante du sabre, on utilisait encore la lance lors des cérémonies officielles et les soldats la portaient pour escorter les nobles dans leurs déplacements (ces armes étaient parfaitement entretenues dans les armureries des divers clans). Quelques temps encore l’art du combat à la lance fut enseigné et pratiqué dans les centres d’entraînement du bujutsu. Mais les adeptes de cet art, autrefois très nombreux au Japon, se firent de plus en plus rares jusqu’à disparaître presque totalement. Aujourd’hui, il ne subsiste que quelques écoles de bujutsu où l’on enseigne le naginatajutsu (Tendo et Shinkage). Comme pour l’escrime japonaise, les élèves pratiquant cette discipline revêtaient un équipement protecteur inspiré des anciennes armures : un casque (men), un plastron renforcé (do), des protége bras (kote), un tablier matelassé (aidate) et des protége tibias (sute ate).

Le naginata d’autrefois, coupant comme un rasoir fut remplacé par un bâton en chêne dont la lame désormais en bambou recouverte à son extrémité d’une mouche en cuir. On se sert de ce bâton soit face à un adversaire en compétition ou à l’entraînement soit pour les kata (mouvements codifiés) ou enfin contre les mannequins (uchi komo dai) grandeur nature. Le naginatado, est l’une des meilleures méthodes de coordination, grâce à ses techniques d’attaque, de contre attaque et de défense issues des positions et déplacements fondamentaux du naginatajutsu. De nos jours, ces écoles (fréquentées principalement par des femmes) enseignant l’usage du naginata, non pas tant comme méthode de combat (jutsu), mais plutôt comme une discipline philosophique visant à l’intégration du corps et de l’esprit. Cet enseignement réalise une liaison harmonieuse entre le mysticisme et l’ésotérisme intrinsèque à la culture traditionnelle du Japon.

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