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les histoires d'hitoyume

blancheur inquiétante

Publié le par HITOYUME


Je me réveille seule dans un lit qui n'est pas le mien. Un mal de crâne m'empêche de réfléchir, je n'arrive pas à me souvenir où je suis.
Je regarde autour de moi, la blancheur de cette pièce me frappe. Tout est blanc ici : les murs, le lit, les draps, et oh ! Même moi ! Mais bordel, c'est quoi ces vêtements ? Une longue tunique blanche que je ne reconnais pas, enveloppe mon corps. Je cherche des yeux mes affaires, même si avouons-le, je ne me rappelle pas de ce que je portais hier ! 
D'ailleurs qu'est ce que je foutais hier ? J'ai beau réfléchir je ne trouve pas. Je n'arrive même pas à me rappeler ce que j'ai fait avant-hier. Et le jour d'avant, non plus. Celui d'avant, encore moins. Merde, mais qu'est ce qui m'arrive ?
Cet endroit m'insupporte, il faut que je parte et tout de suite ! J'essaie de me lever, mais mes forces me lâchent. Nouvelle tentative ; tant bien que mal, je sors du lit encore chancelante. Et là quelque chose m'interpelle, ou plutôt son absence : il n'y pas de porte, ni même une fenêtre. Ne pas paniquer, il y a forcément un moyen de sortir d'ici. En me tenant au mur je fais le tour de la pièce, usant de ma deuxième main pour traquer une porte cachée. Mais en vain.
Je m'effondre sur le lit, et des larmes coulent sur mes joues. Je commence à crier de toutes mes forces, à pleurer, à taper des poings sur le lit. Ma voix me quitte peu à peu, les spasmes des pleurs s'espacent, et pour cause : je n'ai plus rien à donner, je suis littéralement vidée.
Et ce mal de crâne, toujours là à me narguer. Mais comment me suis-je retrouvée ici ? C'est quoi cette histoire ; une blague ? Si c'est cela, assez joué ! Ca ne m'amuse vraiment pas ! J'ai un mauvais pressentiment, quelque chose me dit que ce n'est pas une blague, d'ailleurs qui pourrait en être l'auteur ? Je ne me rappelle de personne, pas même de moi.
Tout ce que je sais c'est que je veux sortir. Non, je dois sortir, sinon en plus d'être amnésique, je vais devenir cinglée (c'est sûrement déjà le cas, mais ne m'en voulez pas de vouloir limiter les dégâts).
Désespérée, je somme à un interlocuteur invisible –et probablement inexistant- de me laisser partir, ou du moins de m'expliquer la raison de ma présence dans cette foutue chambre blanche. Après, quelques secondes de silence, une voix grave –sûrement remasterisée à l'odinateur- daigne me répondre :
- De quoi te plains-tu ? Tu as eu ce que tu voulais !
- Qu'est ce que c'est sensé vouloir dire ? Je ne me rappelle même pas avoir souhaité quoique ce soit !
- Justement ! Tu voulais oublier ce monde de noirceur. Tu voulais quitter cette humanité qui t'a tant fait vomir pour ses erreurs. Tu voulais aller dans un monde de pureté et de blancheur, loin des cris et des bains de sang. Tu voulais pouvoir apprécier cette douce solitude. Tu as eu ta chance. Tu as eu ce que tu voulais, n'es-tu pas contente ?
- Mais je n'ai jamais voulu d'un tel monde, qu'est ce que je vais pouvoir bien faire ici ? Pourquoi vous me punissez ainsi ?
- Tu peux ne t'en prendre qu'à toi-même, ce n'est pas ma faute si tu as oublié que la misanthropie n'était qu'une forme de lâcheté dédaigneuse … »
Qu'avais je fais ? Comment ai-je pu renoncer à mon monde pour cette chambre aseptisée et sans vie ? Pourquoi avais-je cessé de croire en mon Monde ? Pourquoi n'avais je pas essayé de me battre pour lui ? Je n'avais pas le droit de blâmer les autres alors que je n'avais rien fait. Cette voix avait raison, je n'étais qu'une lâche, une petite conne qui prenait le monde de haut. D'une voix décidée je m'écriais :
- Je vous en prie, laissez moi retourner dans mon monde !
- Pourquoi te laisserai-je une seconde chance, tu as gâché la première.
- Laissez-moi me racheter. Je changerais, je le promets. J'ai compris la leçon. Je vais profiter de mon monde, des miens, du bonheur qui m'attend, et je vais faire quelque chose de ma vie. Je vais comme tout le monde, rendre mon monde meilleur, à mon échelle. Je ne me plaindrais plus, mais j'agirais.
- Soit ! Si c'est ce que tu veux vraiment … Mais c'est la dernière fois, il n'y aura plus jamais de retour en arrière.
Je me réveille seule dans un lit qui n'est pas le mien. Un mal de crâne m'empêche de réfléchir, je n'arrive pas à me souvenir où je suis. Je suis dans une chambre blanche que je ne connais pas. Et là, une infirmière apparaît et me dit tout sourire :
- Bienvenue parmi nous.

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