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moi... Jigoro Kano (118)

Publié le par HITOYUME

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REMARQUE : ce récit est tiré d'une thèse sur Jigoro KANO d'Yves CADOT, 43 ans, 5ème dan de judo, docteur de l'Université de Paris. Maître de conférence à l'Université de Toulouse.


TRAINING


Aujourd'hui, on parle donc, au Japon, de training. Issue des discours sur la performance, cette idée élargit la notion de renshu au-delà des habiletés techniques : développement de la force, de l'endurance, de l'explosivité...
C'est une adaptation à la réalité du judo de compétition actuel. Mais qu'en est-il du judo lui-même ?
Il ne s'agit pas ici de dénigrer : augmenter globalement ses capacités, c'est aussi une chance de mieux se connaître, de pratiquer plus, d'explorer d'autres terres du domaine judo et une nécessité... pour le haut niveau.
Mais vouloir développer sa force avant de s'être imprégné de la technique, n'est-ce pas un renoncement à l'idéal du judo, une réduction dramatique pour chacun, de son ambition ?
Et puis, surtout, training, c'est ne plus même se donner le temps du renshu, et, d'une certaine manière, ne plus y croire.
Ce faisant, on change les données premières de l'expérience : peut-on dès lors s'attendre aux mêmes résultats ?


KEIKO


Et keiko, me direz-vous ?
Nakamura, comme Yabune, associent l'idée de keiko à celle de forme (kata) et de technique, tandis que Kano, lui, parle volontiers de keiko de randori, invitant même à se poser la question de son sens. Keiko, c'est "réfléchir", kei, au passé, ko.
Keiko, c'est s'inscrire dans une lignée, c'est accueillir, assumer, méditer un héritage : c'est une attitude, une prise de conscience de sa "normalité" ou de sa "faiblesse", c'est-à-dire de son incapacité à tout réinventer en permanence par soi-même pour accepter le legs précieux des générations qui nous ont livré le fruit de leur expérience, au travers de chaque technique mais aussi, en situation, par le kata et se reposer dessus, non pas par convention, mais parce que nous expérimentons chaque fois que suivre cet enseignement est le chemin le plus court et le plus certain vers l'efficacité.
Mais keiko, c'est aussi réfléchir à son propre passé, sa propre expérience, et construire sa pratique en fonction.
C'est s'inscrire dans un temps long de maturation, de fermentation : celui des maîtres qui nous ont précédés comme celui d'une pratique s'étalant sur une vie. C'est surtout construire en conscience dans la fougue juvénile les moyens de notre efficacité quand nous serons devenus plus faibles, car une fois les périodes du renshu, d'abord, puis du training, passées, vient la science des liens entre les éléments, de la lecture de la situation, de l'anticipation et de l'adaptation de notre attitude aux circonstances en fonction de notre potentiel, avec l'utilisation juste d'une énergie que l'on sait comptée.
Le keiko, c'est le contraire de vivre dans le passé et regretter ses exploits d'antan : c'est interroger le passé pour construire l'avenir, faire aujourd'hui ce qui ne prendra tout son sens que plus tard, c'est une attitude quand renshu et training ne sont que des moyens, des étapes.
Le keiko est ainsi certainement ce qui nous rapproche le plus de l'art martial en ce que c'est la conscience que le jour où (métaphoriquement, espérons-le) notre vie sera en jeu n'est pas forcément celui où nous disposerons du maximum de nos ressources et qu'il faut à la fois travailler à ce que notre faiblesse soit la plus relative possible et à ce que notre efficience soit la moins tributaire possible de quelque capacité "hors-norme".
Et si le judo classique est beau, c'est qu'il est évidence. Une évidence mise à la portée de chacun.


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- 59 -


Pour gouverner les hommes et servir le ciel, rien n'est comparable à la modération.
La modération doit être le premier soin de l'homme.
Quand elle est devenue son premier soin, on peut dire qu'il accumule abondamment la vertu.
Quand il accumule abondamment la vertu, il n'y a rien dont il ne triomphe.
Quand il n'y a rien dont il ne triomphe, personne ne connaît ses limites.
Quand personne ne connaît ses limites, il peut posséder le royaume.
Celui qui possède la mère du royaume peut subsister longtemps.
C'est ce qu'on appelle avoir des racines profondes et une tige solide.
Voilà l'art de vivre longuement et de jouir d'une existence durable.


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tao te king

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T
pas sur que la modération soit une vertu humaine !<br /> Tout évolue, même le judo, mais ce serait une erreur de tirer un trait sur le passé !
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