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moi... Jigoro KANO (237)

Publié le par HITOYUME

moi... Jigoro KANO

237

 

REMARQUE : ce récit est tiré d'une thèse sur Jigoro KANO d'Yves CADOT, 6ème dan de judo, docteur de l'Université de Paris. Maître de conférence à l'Université de Toulouse.

Hirose Takeo, ce héros oublié (5)

HIROSE LA POSTERITE

La statue de Hirose et Sugino devant la gare de Manseibashi sera détruite en juillet 1947 sous l'impulsion des directives de l'occupant américain, décision prise "parce qu'elle exalte l'esprit combatif du peuple et excite son animosité". La chute de la statue filmée par les actualités, avec son long plan sur Hirose, face contre terre, apparaît comme le symbole d'un changement d'époque, de valeurs, de références.
Il y aura certes des soubresauts mémoriels : entre 1968 et 1972, Shiba Ryotaro (1923-1996) publie en feuilleton Saka no ue no kumo (les nuages au-dessus de la colline), roman historique qui prend pour personnages principaux, outre Masaoka Shiki, deux officiers de marine, les frères Akiyama, Yoshifuru (1859-1930) et Saneyuki (1868-1918), deux judoka qui ont construit en leur résidence de Matsuyama (département d'Ehime), au pied du château, un magnifique dojo toujours utilisé de nos jours, et dans lequel Hirose, ami de Saneyuki, apparaît. Ce roman aura un grand succès et sera même récemment adapté pour la télévision, par la NHK, pour une diffusion de 2009 à 2011.
Ajoutons que Hirose était poète et que ses oeuvres complètent seront publiées en 1983 mais, globalement, rares sont ceux, dans la société comme chez les judoka, à se souvenir de lui, ou encore de Yuasa Takeijiro, que nous avons évoqué. Pourtant, son destin est parallèle : plus jeune que Hirose, élève du Kano juku, il entre au Kodokan avant lui, dès 1883, pour devenir 1er dan en 1886. Comme Hirose, il sera 4ème dan en 1889, et comme Hirose, il tombera au combat, quelques semaines après son aîné, lors de la troisième tentative de blocue de Port-Arthur, le 3 mai 1904. Il sera d'abord nommé 5ème dan en août 1904 puis, comme Hirose encore, il sera fait 6ème dan à titre posthumz en 1905 lors de la confirmation de sa mort.
Que nous  disent ces destins ? Premier à décorer le sanctuaire du judo Kodokan (Kodokan judo dendo), pleuré par son camp comme par ses ennemis, à l'instar du chevalier Bayard (Pierre Terrail, seigneur de Bayard, vers 1475-1524), avec qui il partage certainement aussi de pouvoir être qualifié de "sans peur et sans reproche", Hirose est-il simplement le parangon des valeurs d'une époque, ou son exemple est-il universel, atemporel ? Si sa vie apparaît conforme aux recommandations de Kano, et sa mort dans la droite ligne d'un Bushido, The Soul of Japan que Ntobe vient à peine de publier en 1900, en faire une simple émanation des courants qui ont traversé son éducation, sa formation, serait lui ôter toute personnalité propre, tout libre arbitre. Toujours est-il que nous lui devons, en un temps où le judo balbutiait, d'avoir incarné un idéal où sa qualité de judoka s'est trouvée centrale, associant indissolublement aux yeux du peuple son exemple à la discipline dont la réputation est sortie grandie bien au-delà des aspects d'efficacité ou technique : avec lui, elle est devenue mode de vie, plus évidemment encore que par les discours de Kano.
Ni lui ni Yuasa n'ont agi en fanatiques. Se sont-ils comportés héroïquement ? A chacun de voir. Mais si leur exemple, de judoka à judoka, peut nous parler aujourd'hui, plus d'un siècle après leur mort, c'est que, sans hésitation aucune, ils ont démontré qu'un judoka est celui qui fait ce qui doit être fait. Et faire ce qui apparaît juste... n'est-ce pas là la définition du courage ?

A  SUIVRE

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T
ce genre de personnages finit toujours par retrouver son aura quand un pays cherche à retrouver sa culture
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