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c'est pas d'moi

contamination

Publié le par HITOYUME

Image and video hosting by TinyPic Image and video hosting by TinyPic contamination nouvelle écrite par Christian Perrot

 

Après avoir recuit la surface de la planète de leurs chaleurs conjuguées, les deux soleils basculèrent lentement sur l’horizon sans cesser leur ballet perpétuel. Orbitant au coeur d’un système stellaire binaire, le globe en question subissait continuellement les radiations nocives émises par l’astre double dont les protagonistes se trouvaient – tour à tour – attirés, repoussés, puis attirés de nouveau par les effets de la gravitation. La conséquence la plus visible était une élévation de la température de surface durant la journée. Seule la nuit était vivable. Dès les premiers effets du refroidissement atmosphérique, le dôme électromagnétique protégeant la cité réagit instantanément à sa programmation en s’ouvrant lentement à la fraîcheur relative. Construite à la manière d’un iceberg dont seul le tiers dépasse des eaux, la ville était principalement souterraine. Durant la journée, la plupart de ses habitants dormaient profondément dans les étages inférieurs pour ne les quitter qu’à la nuit tombée. Dans un secteur dédié, des dizaines de petits êtres se trouvaient rangés dans leurs casiers diurnes. Tandis que le dôme extérieur s’effaçait dans le sol, les robots nourrices roulaient dans les travées pour ouvrir les tiroirs et activer le réveil des enfants sous leur responsabilité. Directement connectés à l’ordinateur central par les minuscules puces implantées dans le cortex cérébral de chaque habitant, tous profitaient de leur sommeil pour être enseignés par ondes psychiques. Leur première idée en quittant leur casier respectif était donc d’aller jouer. Laissant les secteurs diurnes derrière eux, les enfants coururent en criant le long des interminables passerelles automatisées leur permettant de rejoindre la surface. Dehors, les sommets des buildings monumentaux se trouvaient encore nimbés par les ultimes feux du couchant. Pourtant, le groupe paillant s’égailla à l’extérieur à la manière d’un vol d’oiseaux recouvrant la liberté après une trop longue captivité. La vaste aire de jeu spécialement aménagée qui les attendait à une centaine de mètres de la sortie fut bruyamment envahie en un instant. Partout ailleurs dans la cité, les robots éveillaient les adultes. A peine sur pied, ces derniers se hâtaient de rejoindre leurs postes attitrés car chaque heure nocturne se trouvait comptée. Aux premières lueurs du jour naissant, ils devraient se rendormir. Le temps de sommeil permettait à tous de reposer les cellules affaiblies par le travail. Les intraveineuses alimentaient les corps en nutriments essentiels. Quant aux puces implantées dans les cerveaux, elles compilaient les renseignements fournis par l’ordinateur central pour aiguiser les facultés intellectuelles de chacun. Ainsi, tous se trouvaient toujours en pleine possession de leurs moyens dès le réveil. Certes, de temps en temps, certains ne se trouvaient plus là à la nuit suivante, évacués par les robots durant le sommeil des autres. Mais il fallait bien éliminer les organismes trop âgés ou imparfaits pour ne pas perdre en productivité ! Habitués aux cris enfantins résonnant dans le secteur entourant l’aire de jeu, certains adultes vaquant déjà à leurs occupations nocturnes tiquèrent en entendant un profond silence s’étendre peu à peu. Toutefois, ils n’avaient pas le temps de chercher l’explication de ce phénomène inhabituel, ils avaient du travail ! Du reste, les robots nourrices étaient là pour cela. Sur l’aire de jeu, les enfants entouraient tous l’un de leur camarade accroupi devant quelque chose d’inconnu. Au pied d’une balançoire sur champs répulsif, une petite feuille verdâtre pointait en dehors d’une simple fissure dans le sol bétonné. Rendus muets par l’étonnement, les bambins observaient le végétal avec de grands yeux curieux. Dans le silence presque religieux l’entourant, le garçon ayant trouvé le plant hésitait sur la conduite à tenir. Certes, l’enseignement diurne ordonnait toujours de faire appel aux robots pour toute situation divergeant de l’ordre établi. Pourtant, il aurait bien aimé toucher cette chose inconnue avant de déclencher l’alerte. Soutenu moralement par ses camarades de jeu, l’enfant s’agaillardit à tendre son index vers le petit végétal jusqu’à le frôler. Immédiatement, la puce reliée à toutes ses terminaisons nerveuses implantée dans son cerveau analysa les différentes données retransmises par les sens de son hôte. Il ne lui fallut qu’un temps infinitésimal pour les comparer à celles contenues dans sa base de données journellement rafraîchie. L’instant suivant, elle émettait un signal infrasonore à destination des autorités compétentes. La vitesse de réaction était telle que le bambin comprit le caractère apparemment inoffensif de la plante quelques secondes après le déclenchement de l’alarme. Brusquement, le vrombissement caractéristique d’un Chasseur d’Intervention sur champ magnétique déchira le silence presque respectueux régnant sur la plaine de jeux. Se plaçant en vol stationnaire, l'engin fortement armé vomit une escouade d'intervention dont les membres portaient d'imposantes combinaisons pressurisées. Bondissant vers les enfants médusés, les individus les repoussèrent sans aucun ménagement jusqu'à atteindre l'objet de leur venue : la minuscule pousse végétale. Avec des gestes mesurés, les nouveaux venus déplièrent une cellule portative de décontamination à l’extrémité de la zone. Sans attendre, ils y parquèrent les bambins médusés. Dans le même temps, une autre partie de l’équipe souda une cloche blindée au-dessus de la petite feuille. Ceci fait, un membre de l’escouade d’intervention actionna un interrupteur placé sur le dessus de la demi-sphère solidement fixée au sol. Aussitôt, une explosion parut prendre naissance sous la cloche en faisant vibrer le sol sur plusieurs dizaines de mètres alentour. Les militaires évacuèrent ensuite la demi-sphère blindée. Derrière elle ne subsistait rien de vivant. Le sol de béton semblait vitrifié en profondeur par une forte chaleur. Paraissant satisfaits du résultat de leur action, les agents d’intervention rejoignirent les enfants pour une longue douche collective de décontamination. Tout risque écarté, les militaires replièrent leur matériel avant de quitter leurs combinaisons pressurisées. Avant qu’ils ne disparaissent tous dans leur véhicule, le garçon ayant découvert la plante ne put s’empêcher de questionner l’un des membres de l’escouade :

– Mais enfin… Quelle était cette chose sortant du sol ?

– Une source de contamination, petit ! répondit l’adulte. Ces choses ont été éradiquées de notre planète depuis des éons par nos sages ancêtres. Malheureusement, parfois, l’une d’elle essaye de revenir à la surface. Et si nous les laissions faire, les maladies décimeraient notre monde en quelques Rotations à peine.

– Des maladies ? s’étonna l’enfant. Qu’est-ce donc ?

– Comme le black-out, petit, une vraie calamité ! Allons, file chez ton robot nourrice à présent, nous devons encore faire quelques vérifications avant de partir…

 

contamination

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- 17 -

 

Dans la Haute Antiquité, le peuple savait seulement qu'il avait des rois.

Les suivants, il les aima et leur donna des louanges.

Les suivants il les craignit.

Les suivants, il les méprisa. Celui qui n'a pas confiance dans les autres n'obtient pas leur confiance.

(Les premiers) étaient graves et réservés dans leurs paroles.

Après qu'ils avaient acquis des mérites et réussi dans leurs desseins, les cent familles disaient : Nous suivons notre nature.

 

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