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les enquetes de gustave cherchebien

bonne chance commissaire

Publié le par HITOYUME

Image and video hosting by TinyPic Image and video hosting by TinyPic Le commissaire Simonaud allait prendre sa retraite. Quarante–cinq ans d'activité dans la police ça use, crois–moi, surtout si, comme lui, on n'a pas ménagé sa peine en filatures et en nuits blanches, de sordide en plus sordide, de coups foireux en flags saignants.

Une retraite de fonctionnaire ça se fête, ici ou ailleurs, faut bien gagner une heure. Mais la retraite de Simonaud personne n'aurait voulu la rater, pour rien au monde. Quitte à faire une heure de plus, ou se pointer hors service. Ce qui fait, vois–tu, que ce vendredi–là au soir, tout le commissariat était présent, les flics en civil comme en uniforme, du planton à la femme de service. Il y avait aussi le principal, en tenue d'apparat, trop soulagé de voir partir sa bête noire, son râleur de service, son empêcheur de tourner en rond. Les coups de gueule de Simonaud sur le principal, et vice versa étaient devenus quotidiens ces deux dernières années. Faut dire que les procédures, c'était pas son truc à Simonaud. Il fonctionnait par instinct, flair, tout ce que tu veux, et quand le moment de passer à l'action arrivait, rien ne l'arrêtait, même pas un juge,encore moins un principal. Il aurait pu être viré cent fois, mais on ne vire pas celui qui a coffré Wilfrid l'étrangleur, ou dessoudé l'ennemi public numéro un : Mesurine.

Il était balaise Simonaud. Toujours ponctuel, réglo, personne dans le commissariat n'avait à se plaindre de lui.

Bref tous réunis dans le hall d'entrée, et, pour une fois, voilà que le patron était en retard. 

Beaucoup avaient commencé à boire un coup, et les conversations s'animaient, d'autant plus qu'un autre événement devait s'associer à ce départ à la retraite. Simonaud allait présenter son successeur. Je te dis pas, l'ambiance, et les ragots. Quand on a travaillé, comme certain, trente ans avec un patron de cette envergure, envisager de se retrouver sous les ordres d'un petit con, sorti tout frais de l'école de police, ça te fout les boules.

Ce n'était pas la peine de demander des précisions au principal. Les quelques questions qui avaient fusées au sujet du successeur n'avaient eu pour réponse qu'un sourire en coin de satisfaction. Un de ces sourires dont il avait le secret et qui ne générait qu'un repli tactique pour éviter la tentation d'être désagréable.

Robert Vanier était particulièrement excité. Facho, phallo, cet archétype du flic à la con, était peu aimé dans le commissariat. Comme le principal, il n'était pas fâché de voir partir Simonaud. Le patron n'appréciait guère son zèle d'officier envers les jeunes , surtout les plus mat de peau d'entre eux.

Enfin, la voix aigu de Matilde, la jeune et jolie auxiliaire, retentit soudain dans le hall.

— Il arrive ! 

Tous se précipitèrent à la fenêtre pour voir la gueule du nouveau. Mais les curieux restèrent sur leur faim. Simonaud était accompagné d'un ado, la casquette rivée sur le devant du crâne la visière plongeant jusque sur son nez.

— Tu lui connaissais un fils au patron ? demanda Robert à Arthur Veilair.

Il lui affirmais que non. En trente ans il l'aurai su tout de même. Il avait couvert tous les plans foireux avec ses maîtresses. Jamais il ne serai passé à côté d'un mouflet de cet âge. Le patron pénétra enfin dans la pièce, accueillie par un principal jovial et obséquieux. Il lui serra longuement la main, puis se tourna vers le merdeux dégingandé, un mètre quatre–vingt–dix au garrot, qui enlevait sa casquette et lui serra la pogne avec, bizarrement, beaucoup de déférence. On lui donnait dix–sept ans au môme, pas plus, grand, mince et surtout basané du type que n'aimait pas Robert.

Sans plus attendre Simonaud se tourna vers le gosse et s'écria solennellement :

— Chers amis, et collègue j'ai le plaisir de vous présenter mon successeur, le commissaire Gustave Cherchebien. 

Robert, faillit s'étouffer, en buvant son troisième pastis, il recracha son jaune à ses pieds. Tout le monde croyait à une plaisanterie, le patron en faisait parfois, des lourdes même. Mais quand le jeune Cherchebien s'élança pour serrer les mains, plus aucun doute ne régnait. En guise de patron jeune loup aux dents longues, le commissariat héritait d'un jouvenceau imberbe, du genre de ceux qu'il accueillait tous les jours en ses lieux, menottes aux poings.

Robert ne faisait que répéter :

— j'hallucine, j'hallucine...

Quand le Commissaire Cherchebien tendit la main à Robert, ce dernier fut pris d'un éclat de rire nerveux.

Cherchebien le fixa calmement, dans une attitude étrangement mature pour ses traits.

— Et bien, monsieur Robert Vanier,officier de police judiciaire, né le 20 juillet 1960, entré dans ce commissariat en janvier 1986, après trois ans à MARSEILLE dans les quartiers Nord, voulez–vous une claque dans le dos ou mon poing dans le ventre pour vous débarrasser de ce chat dans la gorge ? Il parlait avec l'accent des jeunes des banlieues, presque au rythme d'un rappeur.

Vanier frisait l'apoplexie.

— Mais comment savez–vous tout cela? bredouilla–t–il. 

Cherchebien ajusta sa casquette.

— J'ai lu votre dossier, tout simplement, comme celui de tous mes futurs collaborateurs, ici présents. Mais quand je lis une fois, je me souviens de tout.

Simonaud voyant la tension monter , prit soudain la parole.

— Je crois que je vous dois des explications. Vous êtes,sans doute, curieux de connaitre l'âge du commissaire Cherchebien. Sachez qu'il a 20 ans, même si en apparence il fait beaucoup plus jeune!

Un murmure d'étonnement parcourut l'assemblée médusée.

— C'est un surdoué, comme on en entend parler parfois à la télé. Très précoce dans ses études, il est entré à l'école de police à seize ans.

Robert revenu à lui s'esclaffa à nouveau :

— je passais mon Bac quand il était encore dans les jupes de sa mère.

Cherchebien calmement rétorqua :

— Et je passais aussi le mien, obtenu du premier coup avec la mention très bien à l'âge de 13 ans, alors que vous arrachiez le vôtre à la deuxième tentative à l'oral et sans mention.

Le dossier de Robert s'étalait à nouveau. Le jeune commissaire enchaina, toujours avec son accent et ses allures de rappeur dans le geste.

— Je suis sorti major de l'école de police, l'année où vous échouiez pour la troisième fois au concours d'officier de police judiciaire. /

Robert souria en sortant ses gros bras tatoués qui devaient faire le triple de ceux de Cherchebien et dit: 

— Cette année–là je passais mon deuxième dan de JUDO M. Cherchebien, on ne peut pas être bon en tout !

Cette allusion dite sur un ton narquois voulait déstabiliser le jeune commissaire sur son physique plutôt malingre, comparé à la musculeuse silhouette de Robert.

Cherchebien imperturbable le regarda dans les yeux, d'un regard de tueur.

— Non, M. Vanier, je ne suis pas d'accord ! Notre métier exige l'excellence, c'est pour cela que j'ai passé, l'année de mes 18 ans, mon premier dan de judo comme, vous. Mais aussi mon premier dan de karaté et d'aïkido. Je pratique le judo depuis l'age de 6ans, le karaté et l'aïkido depuis l'âge de 11 ans et j'ai été champion de France de judo FSGT.

Vanier ne put soutenir le regard du jeune homme plus longtemps.

Simonaud enfonça le clou:

— Et il a brillamment assuré son stage au quai des orfèvres où l'on voulait même le garder.

La messe était dite.

Alors Vanier, désireux de se racheter s'écria : 

— Je lève mon verre en l'honneur du commissaire Cherchebien ! 

Cherchebien souleva à son tour son verre de jus de fruit et dit calmement tout en souriant d'un air narquois :

— Vous pouvez m'appeler Patron , mon cher Vanier, pas de chichi entre nous,ne changez pas vos habitudes pour moi.

Un silence suivit ces derniers mots, un patron venait de naitre.

Quelques verres de pastis plus loin, Simonaud prit congé, le cœur serré. Mais au moment où il saluait Cherchebien, un agent vint lui apporter un dossier à signer.

Simonaud tendit le stylo au jeune commissaire.

— je te passe le relais, jeune collègue, bonne chance!

Le nouveau commissaire se mit à consulter avidement le classeur, pas une virgule ne semblait lui échapper. Les photos étaient scrutées minutieusement, il sortit même une loupe de sa poche, qui ne manqua pas de faire sourire Vanier et tout le personnel. Se prenait–il pour Sherlock Holmes?

Ils ne croyaient pas si bien penser.

 

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