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les enquetes de gustave cherchebien

a définir

Publié le par HITOYUME

Post Mortem

« Depuis tout petit déjà on me dit  plutôt dérangé voire limite aux portes de la démence, mais là je dois reconnaitre, inspecteur, que j’ai quelque peu dépassé les bornes ».
Rictus
L’annuaire 1998, une sacrément bonne année comme le répétait inlassablement le commissaire divisionnaire, fendit l’air et s’abattit en un vacarme étouffé contre l’oreille et la joue gauche du suspect, se retrouvant projeté au sol par la violence et la rapidité du coup. Il ne l’avait vraiment pas vu venir celle-là. Il se releva dans un silence quasi-surréaliste, impassible et se rassit confortablement sur sa chaise. Aussi confortablement que l’on puisse l’être sur une chaise du commissariat central lorsque l’on se retrouve suspecté d’un triple meurtre d’une insanité rare.
Rictus ensanglanté
La porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit, pour claquer violemment lorsque l'ombre de l'inspecteur en sortit.
Frémissement de plaisir

Mechanical routine

6h50-Chambre-(H-30min)
Depuis le début, j’ai toujours détesté cette heure ! Psychologiquement parlant. Merde à 10 minutes près chaque jour semblerait moins pesant, peut-être même plus jovial ! Qu’est-ce que je raconte comme connerie ! 6h50 ou 7h, cette foutue routine à le gout amer d’une merde de chien fraichement pondue. Quel jour on est déjà ? Mardi ? Mercredi ? Non, surement jeudi vu à quel point j’en ai ras le bol. Enfin c’est pas un jour de week-end, ca c’est sur. Va encore falloir ronger son frein avant de pouvoir prendre le temps de déjeuner quelque chose de correct tout en s’extasiant des dernières nouveautés uploadé sur DEEZER. M’enfin, allez je coupe ce réveil IPOD qui me diffuse pour la énième fois une chanson d’Anaïs que ma dulcinée écoute en boucle depuis des lustres. Tout ça à cause de ma flemme légendaire qui m’a poussé à ne pas me relever du lit la veille pour aller chercher et brancher mon Ipod a la place.
6h52-Chambre…encore ! (H-28min)
Emerger…émerger…maintenant ! Un bisou à la poulette encore nue qui traine dans mon lit.  Ou je l’ai récupéré celle là déjà…Saint-Leu ? Le millénium ? Nan, c’est vrai déjà 4 ans que nous sommes ensemble…pour le meilleur et pour le rire… Le rire… parlons-en…c’est pas encore aujourd’hui qu’il va sortir. La faute à qui ? La mienne tout simplement.
Quelle connerie de m’être enlisé dans un job pareil. Si jeune en plus. Ca n’augurait rien de bien fameux pour les années à venir.
Premier contact professionnel après des mois de recherche. Ce recruteur bidon. Avec son sourire d’arracheur de dents et sa pseudo compétence professionnelle des Ressources Humaines, je lui avais sorti le grand jeu. Costard cravate, rasé de frais, un peu de cire coiffante. Les cheveux dans un faux effet décoiffé, je lui avais débité le flot de conneries habituelles : dynamique, souriant, va chercher la baballe quand on lui demande, enfin tout le tralala du jeune premier qui mise son va-tout. Sourire accrocheur, politesse exagéré, fallait croire que j’avais tapé dans l’œil de cette petite fiotte avec ses polos Eden Park Rose, couleur masculine trendy du moment, et son cabriolet m’as-tu vu. Tu pensais peut-être que j’allais essayer tes sièges chauffants cet hiver. C’était plutôt mal me connaitre. Tu pouvais te fourrer le doigt dans l’œil à défaut d’un autre orifice qui t’aurais surement fait bien plus plaisir. Enfin, je m’égare encore. Difficile de passer d’un état cérébral végétatif à une nerveuse centrale électrique reconnectant un à un ses liaisons synaptique pour faire un peu plus que ronfler et se gratter le cul pendant le sommeil.
Quoiqu’il en soit j’aborde la journée du bon pied. Le gauche. Y’a que celui la qui me réussi. Quand le droit prend le dessus, cela ne change rien alors autant blâmer le mauvais sort. Pour pas réveiller môdame qui elle dort toujours paisiblement, je reste volontairement dans le noir, cherchant désespérément à tâtons mon T-shirt et calbute me servant de pyjama. En plus, cela me permet de flotter encore dans cet état vaporeux de demi-conscience.
BIP-BIP.
Merde ! Zut ! Flutiau ! Je me suis encore gouré de bouton sur ce foutu réveil matin. 1 chance sur 5. Faut croire qu’aujourd’hui encore elle ne sera pas de mon coté. Je me précipite sur le réveil pour le couper…trop...tard bien evidemment. J’entends un léger râle, m’excuses, embrasses et retourne me bagarrer avec mon caleçon pour retrouver le bon coté. Même si généralement, je le retrouve au flair, j’ai décidé de faire les choses convenablement et sens l’étiquette cousu à l’arrière ; c’est bon j’enfile avec un petit saut pour me donner de l’entrain et m’éclipse du lit conjugal.
6h55-Couloir- (H-25min)
A moi les joies du petit déj’ express. Dans 25 minutes je dois décoller pour ne pas rater mon petit TER. J’avance à tâtons dans le couloir me menant à la cuisine, la lumière s’intensifie, les yeux piquent mais s’habituent…comme chaque jour.
6h55-Cuisine- (H-25min)
La persienne donne plein Est alors forcément vu l’heure, le matin mes yeux dégustent coté soleil. J’attrape cette relique de mug photo avec anse brisé et recollé pour y verser ma dose de calcium habituelle et à enfourner fissa dans le micro-ondes. Peu importe ce que j’ai pu entendre sur la modification cellulaire ou je ne sais quoi concernant le chauffage du lait au micro-ondes, pas le temps de chauffer en casserole, faut que ca speed ! Surement encore une légende urbaine ! J’espère  en tout cas. En plus vu ma flemme légendaire, ça fera moins de vaisselle en rentrant ce soir. Pas besoin de sortir le reste tout est déjà sur la table.
Efficacité, rapidité, le matin pas trop envie de me faire chié. Putain, même quand je pense je suis vulgaire, sale manie difficile à étouffer. Ca me cause du tort mais j’arrive encore à gérer. Ding. Le micro-onde m’appelle. Incroyable, peu importe la marque et le modèle voila bien un fer de lance de la mondialisation sonore. Même pour une connerie de bip le monde et en train de s’uniformiser. Bientôt on chiera tous les mêmes selles bien moulés. Sucks ! 4 BN et un Banania ingurgité je quitte le silence de la cuisine de temps en temps perturbé par ce tabouret American-style grinçant pour une raison qui m’est encore inconnue (ce n’est pas la faute d’avoir essayé de comprendre).  Prochaine étape : la salle de bains. Porte mal son nom celle la de nos jours. Comme si le temps escompté nous permettait de prendre autre chose qu’une douche. D’une chaleur enveloppante certes, mais une douche quand même.
7h06 -SDB- (H-14min)
Préparation Phase 2. Ouais tout marche par phase chez moi. Encore un de mes travers ! De vouloir tout ordonner, créer une consistance et une suite logique, répétitive et efficace. Sans temps mort, optimisation parfaite et cohérente. Je bondis du tapis imitation prairie en évitant soigneusement la fausse coccinelle et m’asperge, frotte et rince…Me revoici sur le tapis imitation prairie et  avec 1minute -montre en main- je m’essuie ce corps démesurément velu. Si je vivais au Pole Nord je dis pas, mais en Picardie c’est sujet à débat. Une fois habillé, un bien grand mot dans mon cas, j’essuie la buée sur le miroir avec l’espace d’un instant l’impression qu’un autre visage que celui auquel je me suis habitué va apparaitre.
Désillusion ! Ce sera encore celui la aujourd’hui. J’attrape la brosse à dent machinalement et y dépose un S de dentifrice. (Allez un trouble de plus, 2 dentifrices : un doux et un fort, un pour le matin et l’autre le soir).
La douche ne m’a pas assez réveillé. C’est la buée qui persiste dans mon esprit que je devrais essuyer. Je frotte verticalement, je frotte horizontalement, je frotte la langue. L’humain serait-il en train de devenir une machine sans s’en rendre compte ? 2 à 3 minutes par brossage. C’est fou comme une chose si courte répété inlassablement, chaque jour qu’il soit férié ou pas puisse être aussi usante moralement. Nous aspirer par le fond et nous faire sentir un peu plus le poids du temps qui passe. Prisonnier de la trouvaille de ce siècle, l’hygiène. Part si cruciale du quotidien, brossage, lavage, nettoyage, esclavage quotidien de nos petites entités organiques. Vérification de la montre posé sur l’étagère devant moi  me rappelle que le temps passe vite (jamais été très montre). Crachat, rinçage, tirage de langue et rebrossage et re-rinçage, essuyage, parfumage, coiffage, allez on dégage !
7h16-Cuisine- (H-4min)
Retour dans la cuisine néo contemporaine rouge te inox, pour récupérer ma gamelle du midi. Gamelle qui n’a jamais aussi bien porter son nom vu les merdes que j’ingurgite au quotidien. J’enfourne le sac à dos. Vérification PCPI : portable, clé, portefeuille, Ipod. Pratique le mnémotechnique surtout si on n’oublie pas de l’appliquer. Je prends la porte. Stresse pas chérie, c’est temporaire, comme d’habitude à 18heures ce soir je serais rentré si tout va bien.
Sauf qu’aujourd'hui ca n’irait pas « comme sur des roulettes ».


Hikikomori nightmare

7h20-Extérieur- (Heure H)
Je remontais la rue à contre cœur mon vieil IPOD 2G vissé sur les oreilles (increvable celui-là, bravo APPLE pour le choix du tout tactile !) l’OST de THE FOUNTAIN berçait chacun de mes pas et camouflé magnifiquement ces bruits urbains assourdissants de moteurs et de nettoyeur. Le mélange de contrebasse et de violon apaisait mon esprit jeune et pourtant déjà sévèrement désabusé. Cette mélodie me rappela que ce monde pouvait tout de même produire de bien belles choses. Cela me redonna légèrement foi en celui-ci. La Foi ! Vaste sujet. D’autant plus qu’il ne faut pas se tromper de cible. Foi en quoi ? En qui ? Dieu ? La symbolique de l’enfant jouant avec une fourmilière n’est qu’une vaste fumisterie, mon capitaine, une chimère tout au plus. La foule n’avale plus ce genre d’inepties. Soyons sérieux cinq minutes : une entité seule et omnipotente veillant sur un nombre exponentiellement croissant de ces soi-disant rejetons ? L’idée même d’entité unique ne colle pas. Si des forces « qui dépassent la compréhension et l’entendement de tout être quel qu’il soit sur notre belle planète » (je vous prie d’excuser la trou du cul de paraphrase d’un de ces trous du cul d’évangéliste) alors ces forces seraient surement plus organisé. Organisé, j’entends par la surtout le fait qu’elle soit plusieurs a nous géré ; du genre système avec un leader, des ministères et tout le toutim. En y réfléchissant plus profondément, cette hypothèse semble la plus logique et sensée, à l’instar de la mythologie grecque polythéiste. Mais peu importe entité unique ou divinités multiples et organisé. Le résultat est le même que tous nos pseudo-systèmes politique, je pense surtout qu’ils ne savent surtout plus comment se dépêtrer de la merde dans laquelle on s’est fourré.
Ces entités dirigeantes qu’elles soient humaines ou divines sont dépassé par la tournure qu’a pris le monde. Des Hommes gouvernés par des hommes (la minuscule étant volontaire malheureusement). « Mais l’homme a été façonné à l’image de Dieu par conséquence son existence même est emprunte de divin » (désolé mesdames, toujours la minuscule). WATATATATATATAAA ! Les Otakus auront compris que dans 10 secondes la tête de cet évangéliste de pisse allait exploser ! Des Hommes gouvernés par des hommes donc. Inimaginable quand on connait la nature aisément corruptible ou dans une moindre mesure pervertible de l’être humain. L’anarchisme n’étant pas pour autant une solution. Merde au fur et a mesure des mes élucubrations philosophiques, je me rends compte que nous sommes réellement, sérieusement et profondément IN THE SHIT et plus seulement jusqu’au cou ! Ca remonte encore et encore. Ainsi la seule foi utile, celle qui pourra nous sauver est bien différente a mon sens. Elle ne repose pas sur l’idolâtrie béate et le bon vouloir d’une entité foireuse et invisible. NON. Je vous ai déjà dit d’arrêter d’y croire, fini les illusions, les prophètes, seul le cinéma les utilisent encore pour appâter les derniers moutons. Oubliez l’autre barbu marchant sur l’eau, pour la simple et bonne raison que ce n’est peut être ni plus ni moins que le premier surfeur ou un tour de magie déguisé. Sans parler du fait que ces exploits divin ne relèvent ni plus ni moins que de la métaphore. Tout est sujet a interprétation. Ce gugusse ne va pas revenir 2000 ans après, pour peu qu’il soit réellement venu une fois, et dire « désolé les mecs, j’étais en vacances avec Zeus, Shiva, Bouddha et Mahomet je ne me souvenais plus que votre vie continuer même lorsque je ne jouai plus avec vous.»
Les personnes ayant eu un TAMAGOTCHI comprendront la difficulté d’une telle responsabilité.
La seule et unique foi nécessaire réside dans l’être humain, l’humanité tout entière ne repose que sur elle-même, une autarcie théologique. Cette foi, maintes et maintes fois ébranlé par ce que l’Homme fait de plus mauvais, se doit de persister car contrairement à l’autre supercherie, celle-ci produit de grandes choses. Les exemples les plus décourageant pour ne plus y croire sont légions mais il reste un noyau dur dans cet être fait de chair et de sang, dans cette balance de bonté altruiste et de cruauté égoïste la plus abjecte. Ce noyau dur repose dans certains « anges » terrestres, n’effectuant leurs actions ni par envie (dans le sens péché capital du terme) ni jalousie, ni sadisme, ni soif de pouvoir. La foi, si elle doit se manifester et se diriger quelque part, mieux vaut qu’elle le fasse en direction de ces saints du quotidien. Ils constitueront, pour le peu que l’on leur accorde un tant soit peu d’importance et de crédit, notre salut. Erigeons leur un culte, profond, sincère, désintéressé. Pour cela pas besoin de construire des foutus églises tous les 500 mètres. Ces saints là sont bien réels et très semblables à chacun de nous, physiologiquement parlant. Ils n’ont que faire de statues à leurs effigies, suivre leur exemple constitue en tout et pour tout leurs attentes envers nous. Pas d’Enfer où l’on brulera 560 000 ans si l’on n’agit pas comme eux, juste une simple désolation dans leurs cœurs. Ces saints n’apparaissent pas aux yeux d’une vierge foldingo ayant abusé d’hallucinogènes et qui va crier sur tout les toits qu’elle s’est fait engrosser sans s’être fait touché par une baguette magique, histoire de sortir de son quotidien moribond.
Mais ne faisons pas tout reposer sur leurs frêles épaules. Ils ne sont que des modèles à suivre, des chemins balisés vers la paix de notre conscience. Une ligne de vie, une conduite à tenir. Ils deviendront nos Jésus, nos Mahomet ou peut importe et nous serons leurs apôtres. L’Homme malgré tout a besoin de modèle à suivre alors autant qu’ils soient authentiques et non fondés sur des mythes, du folklore ou des légendes.
« Mais la religion uni les gens entre eux, leur apporte un soutien moral e psychologique » Putain ! Il est revenu lui ! Je pensais avoir fait éclater sa cervelle ! Cruelle erreur, il n’en a pas ! Un battement de cil est cette conscience contestataire quitte mes pensées. Fini le blabla casuistique. J’accélère le pas en me disant qu’un jour ou l’autre un plus grand nombre réalisera aussi cela. Plus qu’a croiser les doigts pour que cela ne soit pas trop tard.
Me voici arrivé sur le quai de la gare. Prêt à monter dans mon petit train train quotidien m’amenant, inexorablement, vers la hantise de tout bon vivant, le travail et sa rengaine pathétique, aliénisante. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure déjà : j’aime mon job!

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