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souvenirs

les acariens

Publié le par HITOYUME

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Rien que pour vous,lecteurs de "L'essentiel oublié", je descends ma braguette et je plonge la main dans mes souvenirs...

 

 

Je suis au fond de mon lit, ma femme a réussi à s'enfuir, tant mieux. Comme je suis en charpie, le film de ma vie se déroule dans mon esprit.

Je voulais être éboueur. C'est insensé mais j'enviais la liberté de ces types qui poussent tranquillement une poubelle toute la journée.

Malheureusement, j'ai échoué au QCM; pourtant je le savais que c'était la réponse c) balai.

Enfin, je me suis consolé en exerçant un métier encore plus ingrat : technicien nucléaire.

Les premières années ont été belles.

J'ignorais ce que je manipulais, on ne m'avait rien diagnostiqué. Au fond c'est peut-être mieux ainsi. Mourir en une nuit bouffé par des acariens géants, en voilà un truc de ouf.

Pour ne pas ramener de poussières nucléaires à la maison, je me lave beaucoup. Du coup ma peau sèche et se desquame contre les draps. Les acariens adorent ça, ils la mangent comme mon chien celle du saucisson. 

Hier soir, j'ai dû oublier sur moi un peu de plutonium, ça les a fait grossir...

Il y en a dans toute la pièce, du sol au plafond. Je me suis réveillé entièrement dépiauté. Les plus maousses sucent à présent mes lambeaux à travers leurs congénères. Il me reste un isthme cutané le long du dos, l'un d'eux l'a senti et le décolle par en dessous, entre les lattes et le matelas.

Ma femme, qui dort la gueule couverte de concombres et le corps enduit d'une crème anti-descente d'organes, n'a pas aiguisé leur appétit. Mais un acarien l'a tirée du sommeil en se posant sur son visage pour mieux me dilacérer le cuir chevelu. Elle a profité de la première secousse d'effroi pour partir en hurlant; une demi-seconde d'hésitation et elle n'aurait jamais trouvé le courage de slalomer entre les monstres. Elle a claqué la porte, me laissant enfermé avec eux, c'est humain. Elle a dû appeler du secours, qui devra faire vite. Mes prédateurs viennent de se souvenir qu'ils raffolent aussi des rognures d'ongles et se battent pour m'arracher le bout des pieds.

Cinq ou six parcourent mon corps pour n'en rien rater. Ils démêlent mes boyaux du bout de leurs rostres, leurs pattes épineuses s'enfoncent dans le mou de mes poumons. Je n'ai qu'une supplique à leur adresser, avant qu'ils ne me détériorent le nerf de la vue, c'est de me laisser contempler une dernière fois ma femme et mon fils qui... entrent dans la pièce.

- Allez chéri debout, réveille-toi ! C'est l'heure d'aller bosser, magne-toi le derche si tu veux que je te dépose à la centrale.

 

les acariens

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