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il existe une école

Publié le par HITOYUME

Il existe une école de bouddhisme connue sous le nom de zen qui déclare transmettre la quintessence de l’enseignement bouddhiste, et qui en arrive à affirmer que toute école bouddhiste manquant de zen, ou dont les adeptes ignorent le zen, ne peut se prétendre réellement bouddhiste . D’après ses pratiquants, le zen est l’alpha et l’oméga du bouddhisme, étant donné que celui-ci sort du zen. Si nous éliminons le zen du bouddhisme celui-ci cesse d’être ce qu’il affirme être. Voilà l’affirmation du zen, et si tel est le cas, le zen ne constitue pas une école bouddhiste mais le bouddhisme lui-même.   
Cependant, d’après l’histoire, le zen constitue une branche particulière des enseignements bouddhistes, et représente une « institution sectaire » par rapport au bouddhisme. Peu à peu nous comprendrons pourtant l’affirmation qui dit que le zen est la quintessence du bouddhisme. Pour l’instant, considérons-le comme une discipline unique non seulement à cause de son enseignement mais par son application pratique dans notre vie quotidienne.   
Suivant les descriptions des maîtres, le zen est si absolument et irrationnellement unique qu’il démontre tout à fait le non connaisseur. Voyons quelques unes des réponses données par les maîtres aux questions de leurs anxieux interlocuteurs.    
Un maître dit que « le zen serait comme un récipient d’eau bouillante ». Un autre affirmait : « les singes grimpent à un arbre et leur queue pend vers la cime ». Un autre répondit : « c’est un morceau de brique cassée ». Un autre : « je lève les cils, je bouge les yeux ».
Un moine jardinier s’était approché du maître pour lui exprimer son souhait d’être illuminé par le zen et le maître lui répondit : « reviens quand il n’y aura personne dans le coin, et alors je te donnerai une réponse ». Le jour suivant il s’assura qu’il n’y avait personne et il revint prier le maître de lui révéler le secret. Le maître répondit alors : « approche-toi » et, lorsque le moine obéissant s’approcha, le maître murmura à son oreille : « le zen est quelque chose qui ne peut pas être exprimé par la parole ».    
Il y a une histoire similaire concernant le sage Suibi. Abordé un jour par Reijun (875-919), qui voulait connaître le secret du zen divulgué en Chine par Bodhidharma, Suibi lui répondit qu’il lui transmettrait le secret dès qu’ils seraient seuls. Plus tard, Suibi descendit de sa chaise et conduisit le moine anxieux dans un endroit tranquille près d’un bois de bambou, et, signalant le bambou, il dit : « regarde qu’ils sont courts ceux-ci, et qu’ils sont longs ceux-là ».   
Ces définitions sont sans doute bizarres et il ne semble pas qu’il y ait aucune forme de cohérence entre elles. En fait, il y a autant de définitions du zen que de maîtres depuis ses origines. Et que pourrions-nous dire de Bouddha, qui est considéré comme le premier maître ? Tous les maîtres proclament-ils, se réfèrent-ils à un seul et même Bouddha ?
Quand on lui demanda qui avait été Bouddha, un maître répondit : « le chat grimpe au poteau ». Et quand le questionneur avoua qu’il ne comprenait pas, le maître lui répondit : « si tu ne comprends pas, demande au poteau ».
« Qu’est ce que Bouddha ? », demanda un moine. Reikwan lui répondit en tirant la langue. Le moine, alors s’agenouilla devant lui. « Ne fais pas ça. Pourquoi t’agenouiller devant moi ? », demanda le maître. « Je l’ai fait pour vous remercier de votre bonté de m’avoir montré Bouddha à travers votre langue », répondit le moine. « Depuis quelques jours j’ai une plaie sur le bout de la langue », conclut le maître.
« Qui est Bouddha ? », demanda un moine à Keitsu. Le maître le frappa et le moine lui rendit le coup. « Il y a une raison qui justifie ton coup, mais il n’y en a aucune qui puisse justifier le mien », dit alors le maître. Le moine fut incapable de répondre et alors le maître le frappa et le chassa de la salle.
« Qui est Bouddha ? », demanda Yero à Sekito (700-790). « Tu manques de nature de Bouddha, répondit Sekito. « Et que dis-tu des créatures qui bougent ? » « Elles oui, elles l’ont ». « S’il en est ainsi, comment cela se fait-il que moi, Yero, je n’en ai pas ? « Simplement, parce que tu ne la reconnais pas, répondit le maître.
« Qui est Bouddha ? » demanda le moine à Tanka san. « Qui es-tu ? », répondit le maître. « S’il en est ainsi, il n’y a pas de différence ? » « Qui a dit ça ? ».
Le poteau ou la colonne sont des éléments courants dans l’univers du zen car il s’agit d’objets propres aux monastères. « Quelle était la raison de la visite de Bodhidharma à ce pays ? » demanda le moine à Sekito. « Demande au poteau », répondit le maître. Le moine avoua ne pas avoir compris et le maître alors suivit : « Dans ce sens, je suis pire que toi ».
Des réponses aux questions « Qu’est ce que le zen ? » ou « Qui est Bouddha ? » nous pouvons nous faire une idée du type d’enseignement qu’est le zen. La conception zen de Bouddha ne permet aucun type d’uniformité entre ses défenseurs et la méthode utilisée par chacun des maîtres va vers un absurde qui échappe aux capacités d’analyse de l’intelligence humaine. Bien que le zen affirme être une forme ou même l’essence du bouddhisme, il ne semble pas avoir une idée très claire à ce sujet.
Si nous jugeons le zen en fonction de notre sens commun … nous le perdrons. La pensée rationnelle ne sert à rien au moment d’évaluer la vérité ou la fausseté du zen, car celui-ci se trouve en dehors de la portée de l’entendement humain. Tout ce que nous pouvons dire sur le zen c’est que sa singularité part de son irrationalité ou bien qu’il surpasse notre compréhension logique. Certes, toute religion est généralement dirigée vers quelque chose qui se trouve au delà de la compréhension de la logique et fait appel à une révélation ou à une acceptation par un acte de foi. L’existence d’un Dieu qui aurait créé le monde depuis le néant, par exemple, ne peut être démontrée par la logique, ne peut être vérifiée empiriquement et ne peut être acceptée que par la foi. L’irrationalité du zen ne semble pas être de la même nature que ce que nous appelons irrationalité religieuse.
Voyons, qu’est-ce que le zen aurait à voir avec un singe qui s’accroche à un arbre ou un chat qui grimpe à un poteau ? Qu’est-ce qu’il aurait à voir avec  le fait de lever les cils ou de fermer et ouvrir les yeux ? Peut-être que si nous demandons au poteau ce que signifie qu’un chat grimpe après lui, il pourrait ou voudrait nous l’expliquer ? Quelles conclusions pouvons nous dégager de toutes ces affirmations proclamées par les maîtres du zen ?
Evidemment, ils parlent tous de Bouddha et de la vérité du zen, mais leurs Bouddhas ne vont pas au delà du chat ou du poteau, et il n’y a rien en eux qui nous rappelle la sainteté ou la sacralité, les idées que nous associons généralement à la bouddhéité ou à l’objet des rituels religieux. Le chat n’est pas entouré d’un aura ni le poteau ne ressemble à une croix.
En ce qui concerne la décision des maîtres de dévoiler le secret du zen seulement lorsqu’ils sont seuls, est-ce qu’une vérité religieuse peut être transmise de façon privée d’une personne à une autre ? Quand le disciple s’est rendu chez son maître, celui-ci l’a invité à s’approcher davantage, comme si le secret ne pouvait être que murmuré par le maître. Mais aucun secret n’est arrivé aux oreilles du disciple, sauf que ce secret ne pouvait être transmis par la voix humaine. Est-ce vraiment ainsi ? Est-ce que le disciple n’aurait pas compris l’ordre de s’approcher davantage ?
Et ne s’est il pas alors approché du maître ? Y a-t-il d’autre secret que celui-ci ? Le maître, ne s’est il pas trahi lui-même lorsqu’il a avoué que le secret du zen ne peut être communiqué par le biais de la parole ? Le disciple ne s’est il pas trahi quand il s’est tenu comme s’il n’avait aucune idée du zen ? L’épisode entier ne semble être qu’une histoire burlesque mais, l’est il vraiment ? Est-ce qu’il n’existe pas quelque chose de profondément « spirituel » qui échapperait à l’intellect mais qui se révélerait dans le comportement du disciple et dans la communication sans paroles du maître ?
Dans le deuxième cas, qui traite du secret du zen, le maître ne dit pas ne pas pouvoir l’exprimer à travers le langage humain. En réalité, il ne dit pas un seul mot sur le message secret supposé avoir était divulgué par Bodhidharma dans le Royaume du Milieu, seulement qu’il a signalé les bambous et a émis une appréciation par rapport à leur longueur. Le secret n’aurait-il pas été dévoilé ? Apparemment, les bambous n’ont rien transmis, ni à Suibi ni à Reijun. Mais, d’après les Chroniques de la Falaise Bleue, ce dernier a eu l’intuition de la vérité du zen. De quoi s’agit-il alors ? Les bambous courts sont courts, les longs sont longs et se maintiennent verts et flexibles toute l’année, doucement bercés par la brise.
Une fois, Baso , un des maîtres de zen les plus importants de la dynastie T’ang, fut abordé par un moine qui lui demanda : « hormis les quatre propositions et au-delà des cent négations, explique-moi, oh, maître ! le sens de l’arrivée de Bodhidharma dans notre pays ».

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