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histoires a suivre

Jean BART le héros de Dunkerque (35)

Publié le par HITOYUME

Jean Bart 
"Le Héros de Dunkerque"
35

 

RESUME : à la suite de la victoire éclatante qu'il a remportée sur un bâtiment de guerre hollandais, Jean Bart a été félicité par le roi de France. Mais, la cessation des hostilités met fin à la course et contraint notre ami à l'inaction...

 

Jean se dirigea vers les quais et les entrepôts du port. Il rencontra plusieurs armateurs et quelques courtiers qui, affairés, couraient de leurs bureaux à leurs magasins. Ces derniers regorgeaient de marchandises : le butin que les corsaires avaient conquis eux-mêmes de haute lutte, en pleine mer.
- Volià le prix de notre travail ! se dit Jean. nous avons eu notre salaire, c'est vrai, mais ce qui est entassé dans ces bâtiments appartient désormais aux armateurs. Et maintenant que les temps sont devenus plus difficiles, ces gens-là vont s'arranger pour écouler leur stock au compte-goutte, et à des pris exorbitants. Quelle mentalité !... Ils ne songent qu'aux gros sous ! Pas un d'entre eux ne s'inquiète du sort de son pays. Ils n'ont pas de patrie; l'or leur en tient lieu. Si nous avons travaillé si longtemps, si durement, nous autres corsaires, c'est uniquement pour satisfaire leur soif d'or. Décidément, le métier d'officier de marine est plus noble et plus propre !... Là au moins, on n'est pas soumis à ces mercantis ! On protège et l'on défend quelque chose de sacré !...

Tandis qu'il arpentait les rues, plongé dans ses réflexions, des matelots le croisaient et le saluaient au passage. la plupart d'entre eux semblaient à moitié ivres.
- Pauvres gars, pensait Jean, ce sont eux qui sont le plus à plaindre. L'oisiveté aidant, les voilà maintenant qui dépensent stupidement dans les cafés l'argent qu'ils ont gagné au risque de leur vie. Mais peut-on leur jeter la pierre ? Il suffirait qu'un chef leur montre le chemin du devoir pour qu'ils le suivent avec enthousiasme. C'est le désoeuvrement qui est responsable de leur conduite actuelle. Ce sont des âmes intrépides et fières. Mais il leur faut la mer pour faire la preuve de leurs qualités. D'ailleurs, je suis comme eux. Je mourrais si l'on me condamnait à vivre loin de l'océan.
Arrivé sur les remparts, Jean s'arrêta un moment et laissa errer son regard sur l'horizon. Au large, la mer roulait vers la plage ses vagues frangées d'écume qui venaient, l'une après l'autre, se briser sur le sable blanc. Plus près de lui, les digues de Vauban s'élançaient comme des tentacules dans l'immense étendue verte. On eut dit que Dunkerque voulait saisir l'océan, s'y agripper, se l'attacher à tout jamais.
- Voilà la nouvelle passe, se dit notre héros. Il est incontestable que Vauban connaît son métier ! Ce chenal creusé au beau milieu du Scheurbank, cette double rangée de pilotis qui protège le passage et empêche l'ensablement, c'est du beau travail ! Et cette écluse qui donne accès aux docks, cette cale sèche, ces chantiers !... Décidément, ce diable d'ingénieur est en train de faire de notre ville un centre de toute première importance.
Tandis que ces pensées se succédaient dans sa tête, Jean était parvenu à proximité du chantier naval de
Heindrikx, où l'on construisait un nouveau bateau. la coque du bâtiment, complètement achevée, avait les lignes pures d'un coursier de la mer.
- Il aura de la chance, pensa Jean, celui qui commandera un tel navire. Quelle finesse dans la forme, quelle élégance dans la ligne !
Il s'approcha du constructeur.
- Toutes mes félicitations, Heindrikx. Vous êtes en train de construire là un voilier magnifique ! Mais il faut être un optimiste convaincu pour mettre de tels bâtiments en chantier par les temps qui courent.
- Ne vous y trompez pas, capitaine Bart. Je ne cours aucun risque; je travaille pour le compte de la marine de guerre. Le bateau que vous voyez là est un nouveau type de frégate conçu pour la course et la surveillance des côtes. Il vous en faudrait un ce ce genre-là, n'est-til pas vrai ! Je suis certain que si l'on vous le confiait, l'état m'en commanderait rapidement plusieurs autres. Vous me signaleriez ses défauts et ses imerfections et je m'empresserais de l'améliorer, suivant vos indications. Qu'en pensez-vous, Bart ?
- A vrai dire, Heindrikx, je ne sais qu'en penser. J'hésite encore entre la course et la marine de guerre. Le métier de corsaire a ses avantages sans doute, mais...
- ...Mais, la marine de guerre est plus sûre, n'est-ce pas ? Un salaire coquet, pas de soucis, des perspectives d'avancement !... Et puis la renommée, la gloire !... Vous deviendriez très vite l'homme le plus en vue de notre cité et vous pourriez faire énormément de bien à nos marins, ne l'oubliez pas !

A  SUIVRE

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