Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

souvenirs

souvenirs

Publié le par HITOYUME

souvenirs

 

Rien que pour vous lecteurs je descends ma braguette et plonge la main dans mes souvenirs...

L'Ain, rivière rapide et claire, traverse les prés verdoyants ou s'encastre entre les flancs rocheux. Sur ses berges s'installe chaque année, aux premiers jours de juillet, une colonie de vacances. Les enfants, aidés par les moniteurs, plantent eux-mêmes 22 tentes de groupes, les meublent de 105 tables-armoires et de 300 lits garnis de matelas, de draps et de couvertures.
Nous sommes arrivés avec l'orage le 12 juillet en fin de l'après-midi. Mais, nullement découragés, bien vite, ce fut la course vers le terrain de sport, puis la baignade et les jeux divers... La pluie ne dura pas. Au bout de quelques jours, l'air vif et la lumière nous avaient déjà bronzés, hâlés...
Le 9 août, la pluie revint avec sa robe de brume. Après un répit de quelques jours, elle reprit de plus belle... Le vrai déluge...
Au matin du 15 août, elle n'avait toujours pas cessé de tomber. La rivière roulait des flots boueux et tumultueux et menaçait de sortir de son lit. La fête prévue à la colonie fut abandonnée. Les moniteurs reçurent une note pour évacuer les lieux... La pluie alors se calma... La note ne fut pas diffusée. Le soleil perça et, vers 10 heures, la rivière, étale d'abord, commença à baisser.
Le beau temps fut utilisé pour une excursion à la cascade du Hérisson, plus belle que jamais.
Mais, le 20, un nouveau déluge arriva et les chemins furent transformés en rivières et les champs en rizières. Nous circulions en slip, les pieds nus, pour aller des tentes au réfectoire ou aux différents foyers.
Au matin du 21, la rivière avait monté de deux mètres depuis la veille, et on nous appela, dès 9h30 :
- Bien souvent, les garçons de votre âge s'imaginent être des hommes en fumant une cigarette ou en portant le pantalon... En réalité, la qualité d'homme se prouve lorsque, se trouvant aux prises avec la difficulté, on en reste le maître... Aujourd'hui, la rivière monte et la colonie bientôt sera inondée... Tous ensemble nous devons évacuer et ainsi notre confort sera préservé.
Il pleuvait à seaux et l'évacuation s'avérait difficile, mais tous nous répondîmes présent à l'appel de notre moniteur.
Ce furent d'abord les tables-armoires qui se trouvèrent sur nos dos et nos épaules...
Puis les lits. On les transportait jusqu'à une tente servant de relais afin d'éviter qu'elles se mouillent malgré la pluie qui ruisselait sur nos épaules. Puis ce fut le tour des tentes qu'il fallait transporter debout, sous peine de les rendre perméables... Eh bien ! quel travail. Sèches, les tentes pèsent déjà 105 kg, mais mouillées comme elles étaient, elles en pesaient au moins le double. Chaque groupe transportait sa tente : un moniteur à chacun des quatre mâts, les murettes et les bords roulés à droite et à gauche sur les épaules des garçons. La tente traversait ainsi des champs et des prés hors d'atteinte des eaux...
Vers 12h30, on nous servit un déjeuner, et déjà onze tentes étaient remontées et réoccupées par leurs lits. Mais l'eau montait toujours et, à 14 heures, elle atteignait le pont. Il restait encore cinq tentes de groupes et la mienne à transporter...
Pour nous aider à tenir le coup, l'infirmière nous servait du café et du viandox pendant toute l'évacuation, de plus en plus difficile... Enfin, à 16h30, nous avions terminé.
Notre courage avait été le plus fort, malgré la fatigue et l'eau qui s'infiltrait sur notre corps.
Réinstallés, loin du danger, fiers de nos efforts, nous avons passé une soirée joyeuse en dégustant le bon goûter auquel un potage fut ajouté, ce soir-là... mémorable pour nous tous...

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 > >>