oscar bosejour

Oscar BOSEJOUR

J'ai un sens de l'observation tellement développé que j'ai été le premier à m'en rendre compte. C'est donc tout naturellement qu'une fois en âge d'entrer dans la vie active, j'ai intégré une agence de détectives dirigée par son fondateur et unique salarié : Oscar Boséjour, un homme d'une discrétion absolue ne se déplaçant dans les rues qu'en rampant afin de photographier les époux infidèles sans se faire remarquer. C'était un patron efficace aux excellents résultats dont la garde-robe s'usait vite.
Avec le temps, les rapports hiérarchiques firent place à une camaraderie virile. Un soir que nous buvions tous deux une bière au bar du coin avant de rentrer dans nos familles respectives, je demandai à Oscar si je pouvais lui confier un lourd secret qui me pesait sur le coeur.
- Lourd comment ? demanda Oscar en sortant d'une de ses poches un stylo et un calepin, un pack de lait, un lave-linge ou un cheval mort ?
Je profitai de ce qu'il buvait quelques gorgées pour lui révéler que j'avais été abandonné à la naissance dans un centre de nouveaux-nés non désirés avec, épinglé sur ma couche sale, un petit mot où mes parents expliquaient n'avoir rien contre moi, mais le chien de la famille me jalousait et hurlait à la mort depuis mon arrivée. J'avais appris récemment que mes parents biologiques avaient abandonné le même jour mon frère jumeau. Depuis je le recherchais.
- Ca alors ! s'écria Oscar, moi aussi je suis un enfant abandonné à la recherche du frère qu'il n'a jamais connu.
Nous nous tombâmes dans les bras, chacun dans ceux de l'autre, et nous promîmes d'unir nos efforts dans ces recherches.
- Vous avez dû être sacrément épatés par cette coïncidence, me dit un ami, lui aussi perspicace.
- Je n'ai jamais été aussi étonné de ma vie, sauf peut-être la première fois où j'ai rencontré Oscar : non seulement on a le même âge, mais c'est incroyable comme on se ressemble physiquement.

A  LUNDI