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les histoires d'hitoyume

la brosse à dents

Publié le par HITOYUME

La brosse à dents est un animal qui se complaît dans la moiteur des salles de bains. Elle niche de préférence dans les verres, on la remarque à sa queue qui dépasse. 
La particularité de cette queue réside en ce qu'elle attire irrésistiblement la main, comme celle de l'homme, sauf qu'elle a des couleurs plus variées et que si on la retrouve tout aussi fréquemment dans la bouche des dames, des messieurs ou des enfants, ce n'est pas pour les mêmes raisons. 
Il n'est guère recommandé de saisir une brosse-à-dents par la queue car aussitôt elle se jette dans la bouche de l'imprudent qui doit alors se livrer à une étonnante gymnastique pour retirer l'animal. cette gymnastique consiste plutôt en une agitation aussi frénétique que désordonnée probablement due à l'affolement. 
En général, ces violents efforts sont couronnés de succès mais laissent la victime haletante et l'écume aux lèvres. Cette écume blanche que l'on voit sourdre à la commisure de peau lisse provient de ce que la redoutable petite bête, dans sa rage d'avoir été dérangée, n'arrive plus à contrôler ses sphincters et fait ses besoins dans la bouche de son agresseur. 
C'est assez répugnant et c'est la raison pour laquelle il est recommandé aux victimes des brosses-à-dents de recracher longuement toutes ces cochonneries dans le lavabo, puis de se rincer abondamment la bouche. 
La bross-à-dents n'est pas un animal protégé. On peut donc, la conscience en paix, aider une personne qui ne parviendrait pas à s'en débarrasser au moyen d'un fusil de chasse de calibre courant. La carabine vingt-deux long rifle convient également, à condition de tirer en rafales. Bien entendu ceci n'exclut nullement le pistolet, le revolver, la mitraillette dont nos amis les agents de la force publique, dans le zèle qu'ils mettent à protéger la société des méfaits de la brosse-à-dents, font un usage que d'aucuns qualifient d'immodéré. Ce zèle est connu du public sous le nom de bavure, par référence à l'écume blanche dont nous parlons plus haut qui suinte aux coins des lèvres de la victime d'une brosse-à-dents; ce qui démontre que nos amis les policiers font leur devoir et rien d'autre. 
Bien entendu, comme en toutes circonstances il vaut mieux prévenir que guérir, il est plus prudent, chaque fois que l'on pénétre dans la salle de bain, de repousser la porte d'un violent coup de pied puis d'ouvrir le feu jusqu'à ce que plus rien ne bouge, comme le faisait nos aînés parachutistes dans les mechtas en Algérie, comme le feront nos fils dans les maisons corses. 
Ces précautions prises, nous pourrons dès lors paisiblement nous nettoyer la bouche à la lampe à souder, comme la faculté de Buenos-Aires prescrit aux prisonniers politiques de la faire tous les matins.

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