un peu de tout

AU RENDEZ-VOUS DE L'AVENTURE

Ces quelques lignes ne sont qu'imagination.

"Faire d'haleine" dans mon pays sur les bords de la Méditerranée, cela veut dire nager sous l'eau le plus longtemps possible. Dans le petit port de Saint-Louis, on était quelques-uns à se lancer tout le temps des défis ! A force, on était tous devenus forts à ce jeu. Au début, nous n'arrivions pas à traverser la passe du petit port sans reprendre souffle. Après, on traversait tous à tous les coups. Alors l'idée nous est venue de faire l'aller et le retour !
Là-dessus, la "raille" (la bande de jeunes de l'endroit) du petit port d'à côté nous lance un défi. Ils avaient entendu parler de nos fanfaronnades ! Ils nous envoient cinq gars, tous capables de faire l'aller et le retour. L'honneur de Saint-Louis était en jeu ! On s'entraîne, on se réentraîne pour le grand jour ! Pas un de nous n'arrive à faire en entier ce parcours double. Mais pas moyen de refuser la rencontre sans perdre la face. Tant pis... Le jour du grand concours arrive.
On plonge chacun son  tour éliminatoire : la traversée simple. Les autres sont six à réussir. Nous, nous ne restons que quatre ! Ca va mal. Au deuxième essai, nous sommes deux de Port-Saint-Louis à faire un peu plus d'une traversée et demie ! Bref, nous avons semé cinq de nos adversaires, mais le sixième est ressorti de l'eau à moins de dix mètres du bord. On se repose. Et je décide, poussé par les copains, de tenter encore une fois. Première traversée, je touche le mur de la digue avec la main sans sortir la tête et je repars. Là je me dis :
"Si tu nages trop près de la surface, tu seras tenté de ressortir dès que tu te sentiras à bout de souffle. Tandis que, si tu vas plus profond, rien que pour remonter tu gagnes des mètres."
Je m'enfonce donc. déjà, je sens que le coeur me donne de grands coups dans la poitrine. ca me fait mal au-dessus de l'estomac, mes oreilles bourdonnent et je sens le "clouc" de mon tympan qui se crève. Tant pis, je continue. et puis, tout à coup, je n'en peux plus. Il faut que je remonte. Les bourdonnements se font plus forts et je reçois un choc sur le crâne. J'ai juste le temps de comprendre qu'en remontant trop vite j'ai frappé de la tête contre le fond d'une barque de pêche et déjà je suis dans le remous de l'hélice, petite certes, mais bonne à me couper un bras ! Ma terreur me donne de nouvelles ressources. J'aurais déjà dû m'évanouir cinq fois, mais ce choc me rend ma vigueur. Alors, le souffle coupé, la poitrine écrasée par un poids douloureux, je nage tant que je peux ! Mais c'en est trop. Mes jambes et mes bras s'arrêtent et peut-être aussi mon coeur ! Je me noie !
Puis je me rends compte que ma tête est hors de l'eau et que j'avale de gros paquets d'air. J'entends les copains qui hurlent :
"Tu l'as fait... Tu l'as fait...".
J'ai gagné la course d'haleine ! Je n'ose pas leur dire le coup du bateau ! Mais , à vrai dire, après mon triomphe auprès de ceux de Port-Saint-Louis, j'ai toujours trouvé de bons prétextes pour ne pas recommencer la traversée de la passe !
J'ai sans doute fais preuve d'un beau courage physique, mais avouez que de tels jeux ne sont pas recommandables.

A  LUNDI