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Jean Bart  "Le Héros de Dunkerque" 54

Publié le par HITOYUME

Jean Bart 
"Le Héros de Dunkerque"
54

 

RESUME : Jean Bart a été nommé chef de la flotte de Dunkerque. Il a la confiance et l'estime du Roi, qui le charge de plusieurs missions importantes...

 

En 1700, Charles II, roi d'Espagne, mourut sans laisser d'enfant. Il avait désigné comme successeur au trône le duc d'Anjou, petit-fils du roi de France. Cet héritage donna lieu à une nouvelle guerre européenne, dans laquelle les Provinces Unies du Sud se rangèrent cette fois aux côtés de la France.
Jean Bart se rendit dans les villes d'Ostende et de Nieuport, qu'il avait été chargé de fortifier. Il y fut reçu en grande pompe. pour l'honneur de servir sous les ordres d'un tel héros, des centaines de matelots s'engagèrent; de son côté, Jean obtint pour ses marins un supplément de solde qui stimula leur ardeur.
Cependant, de part et d'autre, les adversaires semblaient hésiter à attaquer les premiers. Ce n'est qu'en automne 1701 que le conflit parut devoir prendre une forme plus active.
Le Capitaine Bart partit pour le Havre, afin d'y prendre le commandement d'un nouveau vaisseau de guerre. Le 4 avril 1702, il rallia Dunkerque. Le temps était humide et froid; Jean sentit de grands frissons lui parcourir l'échine. Le soir, en rentrant chez lui, il était fiévreux.
- Prépare-moi un bon grog, Maria ! dit-il à sa femme. cela me remettra d'aplomb.
Mais la fièvre ne le quittait pas. Sourdement, jour après jour, elle minait sa résistance. Jean Bart se sentait envahi d'une grande fatigue. le 13 avril, il constata que ses jambes refusaient de le porter.
Les médecins l'auscultèrent et lui prescrirent des potions. mais rien n'y fit. Au contraire, le mal empirait, et bientôt, le corsaire dut s'aliter. Couché dans le grand lit de chêne sculpté, il était en proie à de violents accès de délire.
- La flotte doit lever l'ancre aujourd'hui même ! s'écriait-il tout à coup.
- Calme-toi, Jean, répondait Maria, en lui passant un linge frais sur le front. Demain, tu iras mieux.
- Demain il sera trop tard ! C'est aujourd'hui qu'il me faut partir. Si je ne profite pas de la marée, c'est encore un jour de perdu. timonier, que fais-tu là ? Barre à tribord toute !
- Jean, écoute-moi...
- Mais que se passe-t-il ? Ce navire n'avance pas !... Larguez plus de voile !... Bembow est un rusé renard, mais il ne m'aura pas ! Voici la cloche qui sonne. ce n'est pourtant pas l'heure ? Que chacun reste à son poste !
- Restez tranquille, Capitaine Bart ! 
- Le Capitaine Bart !... Oui, c'est moi ! Je suis capitaine, et je dois remplir ma mission !... Oh là ! qui m'attaque ? Ah, traître, tu voulais me poignarder dans le dos ! Je te tiens !...
Dans son délire, Jean voulait s'élancer hors du lit. Maria avait toutes les peines du monde à le calmer et à lui faire prendre un peu de repos. Quelques jours plus tard, le curé Desvignes vint donner l'extrême onction au malade. Agenouillée au pied du lit, et entourée de ses cinq enfants, Maria pleurait et priait. Après avoir reçu le Saint Sacrement, Jean Bart parut réconforté; il recouvra sa lucidité. Mais sa respiration restait faible.
- Dis-moi, Maria, n'ai-je pas eu le délire ?
- Ne t'inquiète pas, Jean. Tu ne dois pas te fatiguer. Repose-toi.
- C'est difficile... Les souvenirs m'assaillent et semblent se lever en masse pour m'étouffer.
- C'est ton imagination qui travaille ! Tu ne dois songer qu'à une chose : guérir ! Tu n'as jamais essuyé de défaite dans les batailles; à présent, il te faut gagner ce combat contre la maladie. Essaie de dormir...
Depuis vingt jours, Jean luttait contre le mal. Son cousin Nicolas vint lui rendre visite.
- Bonjour Nicolas. Tu vois où j'en suis ? C'est le chêne qui tombe.
- Si telle est la volonté de Dieu, nous ne pouvons que nous incliner, Jean !
- Je sens que la fin est proche, Nicolas. Ma vie n'aura pas été longue !
- Mais elle aura été bien remplie ! Regarde ton oeuvre. Grâce à toi, Dunkerque est une ville libre et florissante. Tu as fait la prospérité de son peuple, et ton nom est vénéré dans toute la France. Tu peux être fier de ce que tu as accompli !
- Je le crois, Nicolas... Ah, comme je me sens oppressé ! Maria, veux-tu ouvrir la fenêtre ?
- Le vent est si fort, Jean !...
- Tant mieux, Maria ! Quand le vent est fort, on gouverne mieux son navire !
Maria entr'ouvrit la fenêtre; le bruit des vagues qui mouraient sur la grève pénétra dans la pièce...
Et c'est ainsi, bercé par le chant de la mer qu'il aimait tant, que Jean Bart rendit doucement son âme à Dieu, le 26 avril de l'an 1702...
Toutes les cloches de la ville sonnèrent le glas; les navires en rade mirent leur pavillon en berne, et les canons tonnèrent en signe de deuil. Dunkerque pleurait son illustre enfant...
On fit à Jean Bart des obsèques grandioses. Toutes les personnalités de la ville y assistèrent, rendant ainsi un dernier hommage au héros. Une foule innombrable de marins suivaient le cercueil. Après un service religieux très émouvant, Jean Bart fut inhumé en l'église Saint-Eloi, au pied du maître-autel, et une lourde pierre scella à jamais la tombe du grand marin.

FIN

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T
il aura en effet eu une vie bien remplie
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