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carnet de bagages d'un reporter

Publié le par HITOYUME

A peine sur le tarmac, je cherche le mien parmi les 5 Airbus Cheapair garés façon carambolage, chargeant et déchargeant des humanoïdes comme autant de bar Bosser chez Cheapair ou chez Zavatta, c'est du kif, faut savoir tout faire.
En pôle position pour la ruée vers l'air, 5 énormes gaillards coiffés de la même casquette de baseball estampillée Ferrari, vêtus d'identiques et gracieux t-shirts rouges sérigraphiés "too drunk to fuck" et de semblables pantacourts élégants dans lesquels, une fois ivres morts, ils soulageront vraisemblablement leurs sphincters.
Les cinq pourceaux embarquent avec à la main des canettes de bibine de 50 cl et rigolent très fort. 
Que de chemin parcuru depuis l'aéropostale, comme tout est plus cool de nos jours !
En décollant je lis sur mon téléphone, que j'ai laissé branché, puisque sur cette compagnie, on a le droit de le faire, que la veille un bagagiste s'est endormi dans la soute d'un avion. Il s'est réveillé dans les airs et a tambouriné au plafond. Tout s'est bien terminé pour l'employé narcoleptique. Spchhhht !!!!
Mais une pluie de bière provenant des cinq monstres à casquette trinquant avec de nouveaux amis à chapeaux de cowboy et coupe "mulet" me distrait de ma lecture. Que j'aimerais voyager dans la soute !
Arrivé à Palma de Majorque, je me rends sur la place St-Eulalia, m'installe en terrasse et me commande une binouse... moi aussi j'aime ça. Il fait beau et un petit groupe de gitans interprète un standard de jazz un peu arabisé. Je les trouve vachement bons, surtout le clarnettiste. Ca ne dure pas 2 minutes.
A la table voisine, une horde de sexagénaires allemands écarlates attablés avec de grosses chopes de Bitburger désigne une émissaire pour aller négocier avec les saltimbanques. La Walkyrie titubante s'en va glisser quelque chose à l'oreille des musiciens et autre chose dans leur obole. Aussitôt le petit orchestre s'exécute et sert à la cantonade un épouvantable florilège de Umpapa en schleu majeur.
Mes voisins radieux entament une espèce de danse assise où l'on se balance bras dessus, bras dessous, vous voyez, comme à l'Oktoberfest de München, et se mettent à beugler de concert.
Je prends mes jambes à mon cou.
En passant devant l'orchestre, je file des ronds et constate horrifié le montant du soudoiement germanique : 20cts pour me gâcher l'apéro. Frau est trop bonne !
Je me faufile dans une petite ruepeinarde, mais ma fuite tourne court. A peine 20 mètres plus loin je me trouve nez à nez avec un troupeau de Français. Un groupe de sexagénaires eux aussi, mais en version hexagonale, affublés d'immondes bobs, bananes et vestes de reporters, le tout emmené par un guide lymphatique à la faconde monocorde. Mais des rois de Castille et d'Aragon ils s'en tapent le coquillard, nos pèlerins. Nos Cartier-Bresson ils mitraillent au pas de charge le quartier. Pressons !!! Des rouleaux compresseurs en excursion. Ceux-là mêmes qui vous raconteront plus tard qu'ils ont "fait l'Espagne". Ah les ordures !
Uune nouveauté notable : une bonne partie de ces vieux chasseurs d'images en culotte courte photographient à coups de ... tablette. Ils font l'Espagne en I-pad, les monstres.
Bon Dieu, le jour où Apple inventera le I-plug-anal, ils visiteront le monde avec leur cul !

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