Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

histoires a suivre

Jean Bart  "Le Héros de Dunkerque" 48

Publié le par HITOYUME

Jean Bart 
"Le Héros de Dunkerque"
48

 

RESUME : après avoir échappé miraculeusement à la mort, Jean Bart est invité à dîner chez l'inspecteur Patoulet. Il y rencontre la jeune et belle Maria Tugghe...

 

Un instant plus tard, Patoulet s'excusa et de dirigea vers la salle à manger où des tables disposées en fer à cheval, chargées de fine vaisselle, attendaient leurs convives. Dans l'âtre, les flammes léchaient les bûches de chêne et faisaient briller de mille feux les facettes taillées des coupes de cristal.
Aidé de son mari, Mme Patoulet plaça ses invités, tandis que les serviteurs apportaient les premiers plats et les vins.
Etait-ce le hasard ou une attention délicate de la maîtresse de maison ?... Jean eut la surprise de se voir assis à la droite de Mria Tugghe. Sa voisine de gauche était l'épouse du capitaine Albert. Elle fut dès le début du repas accaparée par Omaer. jean ne demandait pas mieux. Il put de la sorte se consacrer entièrement à la jeune fille. Maria s'informa de la santé du petit François.
- Il se porte à merveille, répondit Jean. je vous remercie !
- Dites-moi, vous êtes toujours décidé à jouer les ermites et à vous cloîtrer sur votre bateau ?
- Vous savez bien que je n'ai plus de maison. D'ailleurs, à mon bord, je trouve tout ce qu'il me faut.
- Vos collègues aussi, Jean, et pourtant, ils ont un chez eux.
- Vous oubliez qu'ils sont mariés !
Jean avait répliqué spontanément, sans réfléchir à la portée de sa phrase. A présent, il fixait les yeux sur le visage de la jeune fille comme pour guetter sa réponse. Mais Maria ne dit rien.
- Pourquoi ne répondez-vous pas ? lui demanda-t-il en souriant.
- Je réfléchissait, Jean, dit-elle. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi un homme tel que vous s'obstine à demeurer systématiquement à l'écart de ses semblables.
- Mais je ne demeure pas à l'écart... La réparation et le calfatage de ma frégate me retiennent au port depuis plus d'un mois; vous savez bien ! Toute la journée, je cours les magasins et les bureaux... Je vois du monde. Mme Patoulet entre autres... Chaque fois que je viens la voir, elle me réserve un accueil très cordial !
- N'empêche que le coeur d'un marin est bien inconstant. Lorsque nous nous quitterons tout à l'heure, vous vous replongerez dans votre solitude et vous vous empresserez de m'oublier.
- Détrompez-vous, Maria ! Dans une cabine de navire, on ne pense pas seulement aux combats et aux choses de la mer... Il arrive qu'on se laisse parfois aller à rêver, à se rappeler une conversation, à penser à ceux qu'on aime, et qui vous aiment... Aussi étrange que cela vous paraisse, nous avons aussi nos crises de mélancolie !
- Mélancolique, vous !... Allons donc, vous plaisantez, Jean !
- Il ne faut pas se fier aux apparences. L'expression de notre visage ne reflète pas toujours notre état d'esprit. Sous prétexte que nous avons l'écorce rude, on prétend que nous sommes dépourvus de sensibilité !
- Pour ma part, Jean, je ne me borne pas à le prétendre, j'en suis convaincue !
Maria avait prononcé cette phrase avec une telle vivacité que Jean tressaillit.
- Vous vous trompez, Maria, répliqua-t-il. Les marins ont du coeur et leurs sentiments sont souvent plus fins que ceux des gens de la terre. Ainsi, ce soir...
- Eh bien, que s'est-il passé ce soir ?
- Il ne s'est rien passé. Et pourtant... Vous imaginez-vous donc que nous sommes incapables de déchiffrer l'expression d'un visage, de saisir le sens caché d'un mot, de deviner la signification d'un regard ?... Lorsque vous avez posé vos yeux sur moi tout à l'heure, j'ai compris... et j'ai eu mal.
- De mieux en mieux ! dit Maria. j'ignorais que le capitaine Jean Bart fût sensible à ce point. 
- J'ai toujours été sensible, Maria. Un marin, voyez-vous, porte en lui quelque chose de la mer. Et la mer n'est jamais tout à fait sereine. Le moindre souffle de vent l'agite, le moindre rayon de soleil la parsemée de diamants...
- Je me demande vraiment quelle mouche vous a piqué, ce soir, Jean !
- C'est que je viens de m'aviser, ma chère Maria, que je suis seul et que j'ai trente-huit ans... déjà !
- Votre âge n'est pas un obstacle au bonheur.
- Pour être heureux, vous savez, il faut que son bonheur soit partagé... D'ailleurs, il n'y a pas de plus grand bonheur au monde que de rendre heureux un être cher...
- Qui vous en empêche ?
- Personne. Rien !... Tout au moins en apparence. Mais l'argent, le rang social, la naissance... Ne sont-ce pas autant d'obstacles que la plupart des gens jugent infranchissables ? Nous nous connaissons depuis longtemps, Maria, et je doute encore que nous nous comprenions. Pourquoi votre regard a-t-il été si froid, tout à l'heure ?...

A  SUIVRE

Voir les commentaires