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ma ai représente

Publié le par HITOYUME

Ma ai représente l’équation espace temps et est dès lors associé au concept de distance. Nous pouvons appliquer ma ai pour mesurer le temps dont nous disposons en relation avec la distance que nous devons parcourir ou l’espace dans lequel nous devons nous mouvoir. Cette capacité de mesurer l’espace temps ou la distance se traduit en capacité d’évaluer une situation de danger ou de la résoudre de manière satisfaisante. En définitive, cela nous conduit à considérer ma ai comme un concept clé dans la pratique de n’importe quel art martial.
La grande majorité des pratiquants se préoccupent exclusivement de l’aspect technique de leur entraînement. Ils oublient qu’il existe trois éléments fondamentaux : énergie, espace et temps. Si nous contrôlons et maîtrisons ces trois éléments, nous pourrons contrôler des individus supérieurs quant à la taille et à la force physique.
Ma ai définit la distance (espace temps) qui sépare deux forces (énergie) depuis leurs positions respectives. Il doit exister une répartition harmonieuse du vide, un équilibre, pour que les distances et les positions respectives soient exactes.
Sur un champ de bataille, le guerrier connaît la portée des armes de l’ennemi. Par conséquent, il connaît la distance à laquelle il doit se trouver pour ne pas être atteint de ses agresseurs, que ce soient des flèches, des fusils d’assaut ou tout autre instrument belliqueux.
De la même manière, dans le combat au corps à corps, un bon pratiquant d’art martial doit tenir compte de la distance et non pas trop de sa force physique ou de sa bonne technique. En réalité, la technique martiale ne sera jamais bonne s’il n’existe pas un bon contrôle de ma ai.
Si le pratiquant d’art martial apprend à utiliser ma ai et à mesurer la distance, s’il confie en cela plus qu’en sa force, il a la garantie de pouvoir exécuter les techniques de manière précise au moment opportun. Il se déplacera avec la vitesse adéquate. Il n’y aura pas de place pour la précipitation ou le manque de force. Si nous connaissons l’usage de ma ai, notre force sera toujours suffisante. De la même manière, notre vitesse nous amènera toujours à esquiver l’attaque, aussi rapide qu’elle soit. Grâce à ma ai, le pratiquant d’arts martiaux cesse d’être un corps qui se défend pour devenir le mouvement même, un tourbillon qui danse et tue à n’importe quelle distance.
C’est ce même principe qui gouverne l’univers. Il s’exprime à travers les positions et les distances des galaxies, des étoiles, des planètes et des satellites. De même, la structure de notre corps se base sur le ma ai, l’équilibre et la distance correcte entre nos yeux, nos hanches, nos épaules.
Si nous contrôlons ce concept de ma ai, il nous sera facile d’esquiver ou d’éviter une attaque d’un simple mouvement (tai sabaki), quelle que soit la vitesse ou la force de l’attaque. Elle passera à côté de nous sans nous toucher. Cette relation espace temps variera en fonction des armes utilisées par notre adversaire. Nous ne disposons pas de la même distance si l'attaque se produit à mains nues ou avec un jo (bâton).
La distance pourrait paraître la même, car les pieds de l’agresseur se trouvent au même endroit qu’il ait ou n’ait pas une arme. A première vue, sa distance par rapport à moi n’a pas changé. Mais en réalité, elle l’a fait. Lorsque nous parlons de la distance, nous nous référons à la distance relative à l’espace et au temps.
Par exemple, l’espace compris entre ses poings et mon visage. Il est évident qu’un agresseur qui a les bras plus longs, parcourt une distance plus grande qu’un autre avec les bras plus courts. Plus encore, il se peut qu’il nous frappe avec les pieds, ce qui allonge encore l’espace. Et si nous considérons la possibilité du saut de l’agresseur vers nous, cela rallonge plus encore la distance de son attaque potentielle.
Les armes fonctionnent de la même manière. Un bâton court (jo) ou long (bo), une épée de bois (boken), une matraque (tonfa) ou un couteau (tanto) ne font rien d’autre qu’étendre la longueur des bras. Leur efficacité répond à un accroissement de la distance. De fait, si l’agresseur n’est pas habile dans le maniement des armes, il perd de l’efficacité au combat car ses mouvements sont plus maladroits et plus prévisibles, ce qui dans ce cas-ci, diminue son arsenal offensif.
Pour cette raison, bien que notre première impulsion soit de reculer, la connaissance de ma ai permet d’attendre sereinement l’attaque. Nous recalculons la distance en fonction de la nouvelle donnée (l’arme) et nous agissons comme d’habitude.
Quand nous parlons de grand maître ou d’expert martial, nous nous référons à celui qui contrôle ma ai. Un bon boxeur est celui qui contrôle l’espace et la distance. Il utilise le vide pour provoquer des émotions chez l’adversaire : colère, anxiété, rage. Il parvient à obtenir la précipitation de l’autre et la création d’une ouverture pour placer son attaque.
L’étude de l’art martial ne se limite pas à l’aspect technique. Il faut approfondir ma ai. Nous pouvons connaître tout le répertoire technique. Nous pouvons le déployer sur le tatami de manière très esthétique et très belle, mais si nous n’avons pas le contrôle de ma ai, nous n’avons rien. Ce répertoire ne sert pas à grand chose sans ma ai. Simplement chorégraphie, sans application pratique possible. L’art martial que nous pratiquons dans le dojo avec la collaboration excessive de uke est une chose, mais la réalité toute crue en est une autre bien différente. C’est là que réside la différence entre le véritable artiste martial et le simple pratiquant, dans la connaissance du ma ai.
De ai représente le moment précis, l’instant de la rencontre entre le positif et le négatif. Il est utilisé pour contrôler l’espace. La maîtrise de de ai est cruciale pour la pratique. De ai définit le point exact de la rencontre entre uke et tori, ainsi que le point de rencontre entre le nord et le sud. On pourrait même dire que le point de rencontre entre deux cultures ou deux générations suppose également un de ai.
L’étude exhaustive et méthodique de cet instant précis, de ai, requiert une concentration totale. Cependant, nous ne pouvons pas nous concentrer en un point précis. Si nous nous fixons seulement sur le poing, la jambe ou le sabre de manière isolée, notre corps et notre vue commenceront à se fatiguer (avec la perte de vision corrélative). Cela réduira de manière décisive notre capacité de réaction et interdira une réponse spontanée.
Notre point d’attention doit être global. Nous maintiendrons notre corps détendu et l’esprit libre de toute pensée ou crainte. Eliminer de notre esprit toute émotion qui pourrait perturber et ne déterminer aucun objectif en particulier. Le corps et l’esprit totalement détendu. Si notre réaction devant l’attaque est précipitée, nous aurons brisé le processus et l’adversaire sera avantagé. Il pourra alors rectifier sa garde et nous atteindre avec une nouvelle attaque.
Notre réaction sera bonne lorsqu’elle permettra de surprendre l’adversaire. Nous agirons au moment opportun, de manière à ce que l’attaquant couvre sa distance et se mets dans une position vulnérable. Il sera peut-être nécessaire d’avancer vers lui pour y parvenir, où bien, effectuer un mouvement circulaire et pivoter pour éviter un coup sans avoir besoin de beaucoup d’espace. De cette façon, lorsque nous calculons l’instant de ai, nous agissons toujours de manière responsable, que ce soit dans un désert ou dans un autobus remplis de gens.
J’ai un jour lu cette phrase d’un grand maître japonais :
« l’esprit d’une attaque est faible lorsque, dans votre esprit, il n’y a pas suffisamment d’espace pour la défense. Plus la force sera grande, plus l’attaque sera faible ». J’ai longuement médité ces mots et j’espère qu’ils vous feront tous réfléchir.
Nous ne devons pas oublier que ces deux concepts doivent être harmonieusement réunis car ils sont solidaires et inséparables. On identifie un authentique maître d’arts martiaux, quelque soit l’art qu’il pratique à son ma ai et de ai, des concepts indispensables pour réussir n’importe quelle action martiale. Il faut cependant associer ces deux concepts aux suivants.
- kamae (garde ou position)
- contrôle de notre centre ou hara (centre d’énergie)
- tai sabaki (art de déplacer notre corps)
- te sabaki (art de déplacer nos mains)
- kokyu (puissance et rythme respiratoire).
L’unification de tous les concepts énumérés précédemment constitue le kimusubi ou unification du ki. Dans la pratique, elle nous permet de résoudre le conflit de forces que représente une attaque de l’adversaire.

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T
c' est aussi ce qu'avait compris Mohamed Ali
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