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la pagode infernale 2/13

Publié le par HITOYUME

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CHAPITRE 2

 

- Il faut retrouver Robert et le délivrer ! ne cessait de gémir le malheureux Maxence, que le coup terrible qu'il venait de recevoir avait vieilli de dix ans, en l'espace d'une journée.

- Monsieur Maxence, lui répondait Franck Howard, j'ai des amis qui ne demanderaient pas mieux que de me prêter leur concours. Avec eux, je ferai l'impossible pour qu'il soit rendu au plus tôt à votre affection, à celle de ma pauvre soeur.

Paroles sincères, affectueuses, mais paroles seulement. Et Franck Howard s'en rendait fort bien compte; il jugeait Maxence perdu sans retour. Où irait-il chercher un homme tombé aux mains de pirates chinois ?

Comment arriverait-il à percer le secret des hommes jaunes, à trouver un rayon de lumière dans l'obscurité la plus effroyable ? Il n'osait même pas se le demander.

Trois jours passèrent, durant lesquels l'armateur Maxence obtint du gouverneur que l'exécution du pirate Tung-So soit retardée le plus possible. Et ce "plus possible"-là n'excéderait pas un mois. Le pirate s'était chargé de tant de crimes, que lui faire grâce de la vie apparaissait aux yeux des plus indulgents comme une véritable folie. Franck Howard se disait non sans effroi, lui, un homme rude pourtant, que les jours allaient passer et que viendrait le moment où Tung-So serait pendu inexorablement. Ce jour-là, Robert Maxence mourrait. Il en arrivait à penser que, seul, le hasard pouvait venir à son secours, ce qui était presque désespérer.

Et pourtant, une telle prévision vint à se réaliser le lendemain même, mais dans de telles conditions que Franck Howard ne dut la vie qu'à un supplément de cet extraordinaire hasard. L'état moral de l'armateur Maxence donnait de telles inquiétudes, que lui et sa soeur étaient venus habiter à la villa. Franck Howard rentrait fort tard le soir, car il battait la ville la journée durant, dans l'espoir de trouver un fait, si mince soit-il, capable de le mettre sur la voie de l'espoir. Ce fut ainsi qu'en arrivant chez son ami Chadler, un peu après la tombée de la nuit, il eut l'intuition nerveuse que quelqu'un le suivait.

Brusquement, il se retourna et saisit au vol une main levée qui brandissait un poignard. D'une torsion vigoureuse, Franck Howard tordit cette main qui lâcha l'arme puis, d'un vigoureux coup de poing, il étourdit l'homme et le jeta comme un paquet dans le couloir de la maison de son ami. Cela fait, il ramassa le poignard et entra.

- Qu'y a-t-il ? lui demanda Chadler qui arrivait en ce moment, attiré par le bruit.

- Regardez, répondit simplement Franck Howard en lui montrant le poignard et l'homme étendu sur le plancher.

- Je crois, Howard, dit alors Chadler, que nous allons commencer à comprendre quelque chose.

- Je le pense, moi aussi, approuva laconiquement le jeune homme.

Avant de faire revenir leur prisonnier à lui, ils l'examinèrent avec soin et le fouillèrent méticuleusement. C'était un chinois comme bien d'autres, vêtu de la détroque misérable des portefaix du port. Sur lui, ils ne trouvèrent absolument rien, pas même une sapèque.

- Il faut que cet homme parle, déclara Franck Howard lorsque cet examen fut terminé.

- Il parlera, je vous en réponds, assura Chadler péremptoire.

Et, sans plus tarder, il s'employa à ramener son Chinois à la claire vision des choses d'ici-bas. Franck Howard l'avait sérieusement boxé et il fallut employer les grands moyens pour le ranimer.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il parut assez surpris de se trouver dans cet intérieur européen, en face de deux hommes dont l'un lui était inconnu, tandis que Franck Howard, sa victime manquée, le vregardait, impassible. Malgré tout, il se reprit assez vite. Chadler ne se perdit pas en discours inutiles, ni en reproches superflus. Il alla droit au but.

- Où est Robert Maxence ? lui demanda-t-il sans plus de préambule.

- Sais pas, répondit le Chinois, sans qu'un muscle de son visage tressaillit, en faisant cette brève réponse.

Chadler ne s'énerva pas le moins du monde. Il tira un revolver de sa poche et le posa sur la table devant lui. Après quoi, il ouvrit un tiroir dans lequel il prit un paquet de dollars qu'il plaça à côté du revolver, et fixa le Chinois dans le blanc des yeux.

- Tu vas choisir, reprit Chadler. De l'argent ou du plomb. Si tu refuses de parler, je te tue comme un chien. Si tu parles, cet argent est à toi tout de suite. Lorsque notre ami nous sera rendu, tu recevras encore un autre paquet de dollars.

Il y eut un long, un très long moment de silence; puis l'homme jaune parla.

- Je ne sais pas où est Robert Maxence, dit-il d'une voix assurée, mais je peux te dire des choses que tu ignores et que tu seras heureux de connaître.

- Parle, répondit Chadler, satisfait en son for intérieur de voir son Chinois si bien disposé.

Le jaune avoua sans sourciller qu'il faisait partie, en qualité d'espion, de la bande de pirates que commandait Tung-So, et qui portait un nom poétique : "Le Lys d'Eau". Ces espions, Tung-So les recrutait parmi les portefaix du port qui lui signalaient le mouvement des navires. Depuis la capture du chef, Waï-Tu l'avait remplacé et, sans doute pour inaugurer cette prise de commandement, avait convoqué pirates et espions à une grande réunion.

- Où ? interrogea Chadler.

- Dans la caverne de Siang-Té.

- A quelle heure ?

- Quand la lune brillera au plus haut du firmament.

- Ce qui fait onze heures du soir. Et comment est-on admis à cette réunion... privée ?

Rien n'était plus simple, aux dires du Chinois. La caverne de Sang-Té était située à dix kilomètres de Shanghaï. Il fallait y venir en pirogue, par mer. On se heurtait à l'arrivée à des sentinelles à qui il faudrait répondre : La lune protège les fils du Lys d'Eau. Et c'était tout. Le Chinois n'en savait pas, ne pouvait pas en dire davantage.

- Très bien, mon garçon, mets cet argent dans ta poche, dit Chadler en lui donnant le paquet de billets. Et maintenant, je vais te conduire dans ma cave, une belle cave où tu seras très bien, où tu ne manqueras de rien, jusqu'au moment où je jugerai que je dois te rendre ta liberté.

Chadler fit comme il le disait, et s'en fut mettre son Chinois en lieu sûr, sans plus attendre.

- Eh bien : que dites-vous de cela ? demanda-t-il à Franck Howard, lorsqu'il fut remonté.

- Je dis, répondit avec fermeté le jeune homme, que j'assisterai demain soir à la réunion des pirates dans la caverne de Siang-Té.

- Hein ! Vous dites ! sursauta Chadler.

- Ecoutez-moi, poursuivit Franck Howard, toujours calme. Nous voulons délivrer Robert, et un providentiel hasard nous envoie des renseignements inespérés. Si nous faisons cerner la ceverne par la force armée, la majeure partie des pirates nous échappera. Ils sauront que nous possédons une partie, bien minime, hélas ! de leurs secrets, et changerons de tactique. Ce que nous venons d'apprendre ce soir ne nous servira exactement plus à rien. Vous êtes bien de cet avis?

- Vous avez raison, Franck.

- Donc, il faut agir de ruse, passer inaperçus pour surprendre les secrets des frères du Lys d'Eau. Il n'y a qu'un homme seul qui puisse réussir dans une telle entreprise.

 

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