souvenirs

SOUVENIRS

Rien que pour vous lecteurs je descends ma braguette et plonge la main dans mes souvenirs...

Il y avait une semaine que nous avions fait la composition de français et de grammaire. D'un jour à l'autre, nous attendions les résultats. Et notre impatience se teintait d'un peu d'angoisse. Cette règles des participes, en avais-je bien découvert toutes les subtilités ? Et avais-je tout su dire sur Victor Hugo ? A vrai dire, j'étais assez content de mon travail. J'avais eu, l'impression de tout savoir et j'avais rendu ma copie bien avant mes autres camarades. Mais n'était-ce pas justement un signe d'ignorance ? Plusieurs copains avaient noirci davantage de papier que moi...
Bref, je vivais dans l'angoisse, ressassant dans ma tête ce que j'avais écrit, consultant mon livre de littérature avec des serrements de coeur. Enfin, un matin, le professeur nous annonça :
"Cet après-midi, je rends les compositions..."
Un frémissement agita tous les bancs. Cette composition se présentait comme l'une des plus importantes de trimestre. Avais-je réussi ou non ? Le déjeuner se passa mal, je n'avais pas faim.. 
L'après-midi vint. Mais les résultats tardaient. Il semblait que le professeur faisait durer notre inquiétude. Et brusquement j'eus l'impression que j'avais tout raté. Victor Hugo et les participes dansaient dans mon cerveau...
Enfin le professeur parla. Il fit quelques remarques générales qui me parurent fort sévères. J'avais le souffle coupé.
Puis il prit la liasse de copies notées et lut :
- Premier, N. R.,17 sur 20...
Je crois que je devins tout rouge, tandis que toute la classe se retournait sur moi avec un "ho !" admiratif et envieux. Je bafouillai, ma gorge était serrée. Car c'était la première fois de ma vie que j'avais la première place. Sans être un mauvais élève, je me tenais toujours dans une bonne moyenne. Mais premier... 
Je me voyais rentrer à la maison et dire à ma mère :
"Devine ma place en français"
Elle allait me répondre :
"Tu es dans les dix premiers"
Et je lui ferais deviner !
Je n'entendais plus les autres classements. Je ne pensais plus à Victor Hugo. J'étais heureux, complètement heureux. Enfin je revins sur terre et j'écoutai les explications du professeur. Et, tout à coup, je pris une grande décision :
"Je vais travailler dur mon français. Je serai premier à la prochaine composition et j'aurai le prix d'excellence !"
Je n'ai pas eu le prix d'excellence, mais le deuxième prix, ce qui n'est pas si mal. Et c'est vraiment ce résultat inattendu qui m'a donné le coup de fouet n'écessaire !
Et j'espère conserver encore de longues années ces bonnes résolutions.