Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

souvenirs

histoire d'une "loseuse"

Publié le par HITOYUME

SOUVENIRS

 

Rien que pour vous, lecteurs de "L'essentiel oublié", je descends ma braguette et plonge la main dans mes souvenirs...

 

Il y a trente ans, j'avais l'habitude de loger chez une amie qui me recevait lorsque je venais à Paris. Arrivant chez elle une fois, je la trouvais plutôt déprimée.
L'interrogeant, elle me confie :
- Je vis en ce moment de frappe à domicile. J'ai tapé le manuscrit d'un romancier. Il me doit une somme importante qu'il ne m'a pas versée. De plus, il vient de quitter sa femme. Il m'a demandé de faire le chèque de caution de son nouvel appartement, qui représente trois mois d'un loyer important. J'ai un découvert de 5000 euros sur mon compte.
Je lui demande comment elle arrive à vivre.
- En vérité, ajoute-t-elle, je garde son chat. Le romancier vient me voir toutes les semaines pour me verser en liquide 10 euros pour acheter la nourriture du chat. Je partage avec l'animal. Avec la moitié de la somme, je m'achète quelques pâtes.
Scandalisé, je lui demande d'exiger une reconnaissance de dette.
- Je n'y ai jamais pensé, avoue-t-elle.
- Mais, tu n'as rien essayé pour récupérer ton argent ?
- Si, j'ai demandé à un ami ceinture noire d'aikido de m'aider. Il m'a dit qu'il allait envoyer des pensées positives.
Le téléphone sonne, elle décroche.
- Tiens, justement, c'est le romancier, me dit-elle. Il m'attend dans le café au bas de la rue pour me donner l'argent pour son chat.
Je décide de l'accompagner. Je découvre dans le café un homme d'une soixantaine d'années, gras, mou, affaissé dans une chaise, de longs cheveux indécis ert blancs tombant sur une veste sale. Un cigare éteint, collé à la commissure de ses lèvres, lui déforme définitivement la bouche. Je fais un scandale dans le bar.
- Je pourrai être votre père, dit l'écrivain.
- Heureusement que je n'ai pas un père comme vous, lui répondis-je.
Bien chauffé, je lui parle d'amis de Bordeaux qui allaient prendre le train pour lui casser la figure, bref des fous furieux qui ne le lâcheraient jamais. Le lendemain, il introduit une reconnaissance de dettes dans la boîte de sa victime. Le jour suivant, il imite la signature de sa femme et verse à sa débitrice la somme due grâce au chéquier subtilisé à son épouse. La fausse signature passe à la banque et mon hôtesse est rembousée. Pas un mot de remerciements. Elle me dit alors :
- C'est grâce aux pensées positives de mon ami maître d'aikido.
Je la revois trois mois après en vacances à la plage. Embarquée dans une autre histoire, elle avait retrouvé le même découvert sur son compte bancaire. J'en ai déduit qu'elle" avait besoin du naufrage pour vivre. Et qu'aider ces gens-là, c'était être leur ennemi.


A LUNDI

Voir les commentaires