Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

la vie est un événement étrange

Publié le par HITOYUME

La vie est un événement étrange et comme tel, précieux. Récemment, on a présenté une théorie sur «l’espace galactique habitable », établissant l’énorme quantité de difficultés qui se présente à priori pour que la vie ait lieu dans l’Univers, tout du moins la vie complexe, telle que nous la connaissons, incluant les animaux supérieurs, que l’on appelle maintenant «vie métazoïque animale aérobie »… Le politiquement correct et le bien pensant sont arrivés jusque-là, vous vous rendez compte ! C’est une vieille controverse dans la communauté scientifique et bien que Sagan, un incorruptible optimiste, avait raison lorsqu’il affirmait que «l’absence de preuves (de l’existence de vie …) n’était pas une preuve d’absence », il devient de jour en jour plus évident que la vie est un bien rare dans l’Univers observable. Pour nous, les êtres vivants (les uns plus que les autres), ce miracle est quelque chose de quotidien et jusqu’il y a bien peu, cela ne semblait pas nous importer beaucoup. Notre attention, nos énergies étaient complètement absorbées par nos efforts pour que le jour se termine sans que nous ne soyons devenus le repas succulent d’un animal plus grand et, dernièrement, depuis que nous avons des microscopes, d’autres animaux plus petits.
La vie a une impulsion certaine et indiscutable, celle de persister et de se perpétuer. Chez les êtres vivants conscients, à ce commandement, s’ajoute celui de persister eux-mêmes, ce qui n’est rien d’autre qu’une conséquence de la loi précédente de perpétuation de la vie en soi et que l’on appelle maintenant égoïsme. Mais la conscience d’être, dans ses différents degrés, ajoute un «plus » exquis à cette loi élémentaire : celui de réfléchir et d’intervenir sur l’environnement de manière intentionnelle. Nous sommes peut-être rares dans le panorama galactique, mais c’est l’évolution de la vie elle-même qui nous a doté de ces outils. L’homme n’est pas hors de l’ordre naturel, il est le résultat de l’ordre et, par conséquent, ses actions ne peuvent pas être considérées comme une aberration du système. Ou il y a un ordre, ou il n’y en a pas et, dans ce cas, les  scientifiques devraient honnêtement se consacrer à n’importe quelle autre chose utile, comme semer des radis.
Au fond, ce que nous faisons, vu d’une certaine distance, ressemble beaucoup à ce que fait le reste des êtres de la planète. Mais il se fait que nous le faisons avec beaucoup plus de succès que les autres. Nous sommes en train de gagner la bataille consistant à transformer les protéines d’autres espèces en protéines humaines. En conséquence de quoi, les autres espèces diminuent, aussi bien en nombre qu’en quantité d’individus et nous nous multiplions comme des puces. Quelle est la limite de la masse critique acceptable d’êtres humains sur la planète ? Cette histoire du développement durable est une blague des mystiques de la mollesse. Une telle chose n’existe pas. Mon père disait que les affaires allaient soit vers le haut, soit vers le bas. Les tables rases n’existent pas dans l’ordre naturel. C’est un paradoxe, mais plus nous appuyons l’humain, plus nous appuyons la destruction, car le succès sait également détruire à sa manière.
Notre magnifique succès parmi les animaux complexes n’est cependant rien comparé à celui de nos collègues microscopiques. 95% de la vie sur terre est constituée par ces êtres, les uns symbiotiques, les autres parasites. Notre digestion n’est possible que grâce à leur présence. Nous leur devons la vie et, d’une certaine manière, la mort. La vie complexe sur la planète est en crise. La reproduction assistée ne s’applique pas seulement aux êtres humains des pays développés. Il y a peu, j’ai pu constater que sur des plages comme celles du Nord est du Brésil, des pieux marquent l’endroit où les tortues ont déposé leurs œufs : « il faut les protéger », il s’agit d’une espèce en décadence de plus. Que dire des baleines ou du lynx ibérique qui absorbe des milliers d’euros en investigation pour éviter son extinction ! Une absurdité si nous le considérons avec une certaine distance. On ne peut servir Dieu et le Diable à la fois, ou mieux dit, on ne peut servir que les deux en même temps, quoi qu’on fasse. Celui qui aide et intervient finit fréquemment par obtenir le contraire de ce qu’il poursuit, dans la nature ce qui ne s’adapte pas disparaît, c’est la loi.
Car tout est produit du milieu, c’est également une loi inébranlable. Intervenir dans n’importe quel processus peut facilement se transformer dans le contraire de l’objectif poursuivi. Ne passons-nous pas notre vie à mettre des sparadraps ici et là pour retarder l’inévitable ? Le projet des tortues est financé par Petrobras, l’entreprise d’hydrocarbures du Brésil. Les corporations pétrolifères faisant un travail environnemental ? Il n’y a pas de plus grand crédule que celui qui veut croire. Dans le fond, les êtres humains ont toujours préféré la culpabilité plutôt que la vérité. La vérité est toujours plus prosaïque, mais beaucoup plus dure à avaler. Les commandements de la vie sont impitoyables et vides de toute affection. Notre temps sur la terre est, comparé à celui des dinosaures, analogue à un clin d’œil comparé à une année de vie et la vie envoya bouler les dinosaures en un coup de plumeau, en même temps que presque toute la faune et la flore de l’époque. Une fois de plus, ce qui ne s’est pas adapté a été éliminé.
Mais comment ne pas adorer la vie, ce précieux don si rare dans l’Univers ? La force qu’elle réunit pour sa défense est toujours écrasante. Quand la bande terroriste ETA enleva et fixa une date et une heure pour l’assassinat du conseiller municipal d’Ermua, Miguel Angel Blanco, toute l’Espagne se lança à la rue pour clamer pour cette vie. La révolte sociale fut telle que la position de se groupe terroriste doit en porter le poids depuis. La vie dépend continuellement et est protégée avec acharnement et même héroïsme. Dans des situations d’urgence, j’ai vu des exploits impressionnants, des gens normaux agissant bien au-delà de leurs capacités habituelles, étonnant leurs proches et les étrangers, au milieu des désastres, mettant même en danger leur sécurité et leur vie pour aider à sauver celle d’autres personnes.
La vie a une force énorme et son appel s’amplifie toujours au-delà de ce à quoi on s’attend, mais c’est la mort qui donne pouvoir et sens à la vie. La finitude est le remède définitif du plus fainéant et du plus insouciant des mortels. Il devient urgent pour nous de nous occuper et de valoriser le présent, de surmonter la répugnance ou la tentation de nous sentir immortels. Quand la Parque montre les oreilles, rien ni personne n’est intouchable. Paradoxalement, la mort est pleine de vie, car pour que quelque chose vive, quelque  chose doit mourir. De cette façon, la vie se soutient sur elle-même tandis que la mort, en contrepartie, lui confère sa juste valeur. La vie et la mort sont le rotin avec lequel se tissent les arts martiaux. La profession de guerrier traite de ça et de rien d'autre. C'est la présence de la mort, réelle ou symbolique, qui dote cette profession d'un pouvoir inhabituel, ce qui fait des arts martiaux quelque chose qui est, aujourd’hui encore, recouvert du voile mystique du mystère. C’est cela même qui fait de ces activités quelque chose de marginal et de dangereux, même si nous nous efforçons tous d’obtenir leur normalisation sociale. Car il ne semble pas que nous soyons parvenu à «limiter l’illimité » et les profanes en la matière continuent de nous regarder de travers et avec une certaine méfiance, surtout dans l’environnement des sociétés modernes et développées, un environnement hostile à tout ce qui est en contact avec le naturel.
Mettre des étiquettes de bon ou de mauvais n’est pas la solution au paradigme de l’existence, tant et si bien qu’intervenir dans une direction nous conduit fréquemment à obtenir l’effet contraire. Chaque action interagit avec le milieu, il n’est pas possible d’être invisible. Même la non action est une manière de faire quelque chose, s’asseoir en dessous d’un arbre à la recherche de la dissolution du désir est également un désir. Si au contraire, nous agissons, chaque pas laisse une empreinte, change quelque chose, un quelque qui, d’autre part, est en lui-même dans un processus de changement continue. Nous ne sommes pas étrangers à la magie qui a lieu dans toute transformation, nous faisons partie d’elle. Le naturel est finalement la seule réponse à la question d’intervenir, mais la réponse nous conduit à une autre question. Le naturel comme catégorie doit donc être défini et en prenant parti, quelle que soit la direction, la balance de nouveau se déséquilibrera.
Pour le guerrier, la réponse se trouve dans la voie de l’action impeccable, autrement dit, il s’agit pour lui de répondre en accord avec sa propre nature, avec l’intensité maximale dans chaque action. Il n’y a pas de moral en cela, mais il est certain qu’il y a un ethos, une manière de faire. La nature unique de chaque être ne nous permet pas d’établir des voies communes, des routes extrapolables pour des êtres uniques dont les destins sont définitivement différents. La nature hait le pur et ne produit que des êtres différents, uniques.
La magie, implicite dans l’impeccabilité, dans la voie naturelle, ne peut être définie a priori, mais en observant avec attention. Quand cet ethos se produit, il le fait toujours en coïncidence avec des prémisses comme l’économie, l’efficacité, le pouvoir, l’intensité, le détachement, la concentration et la fluidité. Une telle formule peut-elle être entraînée ? Je ne crois pas dans le positivisme comme solution. Pour moi, la voie est en fin de compte plus un désapprentissage qu’un apprentissage, mais je dis cela bien sûr après avoir parcouru un chemin. La vie est analogue à la naturalité d’un enfant, mais seulement après l’expérience d’avoir cessé de l’être. Avant le zen, la montagne est la montagne, pendant le zen, la montagne n’est pas la montagne, après le zen, la montagne est de nouveau la montagne.
L’expérience de rupture avec l’apprit est douloureuse, comme celle de la naissance elle-même. Personne ne cherche réellement la douleur, «les voies » ne cessent donc pas d’être des impostures ou des manières de se tromper soi-même. Car, au contraire, nous mettons toute notre obstination à soutenir notre description du monde … comme dit le proverbe : « Mieux vaut un mal que l’on connaît, qu’un bien qui reste à découvrir ». Ce n’est que lorsque les événements forcent la disruption de notre perception, quand nous stoppons notre vision du monde, qu’une brèche s’ouvre, une opportunité de changement.
Ce sont là des occasions qu’on ne désire que sans les désirer vraiment, ce sont des catastrophes pour ce que nous connaissons, des sauts dans le vide. C’est pour cela que je dis que personne ne s’inscrit volontairement sur la voie de la conscience. Une réussite quelconque sur une telle voie n’est pas programmable, c’est un accident au-delà de notre volonté. En cela, les êtres humains sont aussi simples et aussi prévisibles que n’importe quel autre être et il n’y a pas d’exceptions. Est-ce là un panorama obscur ? Je crois que non. La vérité ne l’est jamais, mais notre lecture de celle-ci peut évidemment nous faire sentir comme ça. Se déniaiser est toujours en tout cas un horizon distrayant. Au lieu de regarder la marguerite, peut-être nous faut-il … la manger !

Voir les commentaires