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gentille petite Charlotte

Publié le par HITOYUME

les enquêtes de

Gustave CHERCHEBIEN

Quand ils ont trouvé Charlotte, elle était assise par terre avec un revolver posé à côté d’elle. Les mains sur le visage, Charlotte pleurait. La pièce où elle se trouvait avait été le décor d’une scène macabre. En face d’elle, ses parents gisaient dans une marre de sang avec les yeux grands ouverts exprimant la surprise. Non loin d’eux, se trouvait les corps sans vie de deux autres personnes. Les pleures de Charlotte n’avaient rien à voir avec des pleures de chagrin. C’était plutôt des pleures de délivrance.
Son petit frère était dans l’encadrement de la porte qui mène à la cuisine. Il regardait les corps inanimés qu’il avait sous les yeux sans vraiment comprendre ce qui venait de se produire.
C’était Mme Muller, la voisine, qui avait alerté la police. Les coups de feu avaient retenti dans tout le voisinage. Mme Muller savait qu’il se passait des choses pas très nettes dans cette maison. Surtout en fin de semaine.
Charlotte avait 12 ans et elle allait à l’école près du centre ville. Elle n’avait pas beaucoup d’amis et elle se refermait de plus en plus sur elle. Depuis quelques temps déjà, ses professeurs s’inquiétaient quant à ses résultats scolaires. Ses notes étaient en baisse constante et sa concentration n’était plus la même. Claire My, son professeur principal, avait déclaré à la police qu’elle avait convoqué les parents de Charlotte. Ceux-ci avaient affirmés que rien n’empêchait leur fille de travailler à l’école. Mais aux dires de Mme My, les parents de Charlotte paraissaient gêner des questions, mais pour eux tout était normal.
- Essaie de te calmer Charlotte, nous allons essayer de comprendre ce qui s’est passé.
Le commissaire Cherchebien était assis en face de Charlotte et essuyait les verres de ses lunettes. Ses fins sourcils lui donnaient un côté savant. Il avait des cheveux coupés en brosse et le costume gris qu’il portait paressait mal taillé. Il remit ses lunettes sur son nez et fixa Charlotte d’un regard qui en disait long. La salle était comme toutes les salles d’interrogatoire d’un commissariat de police. Deux chaises, une table au milieu et un miroir sans teint. Miroir, derrière lequel, se trouvait, généralement, d’autres policiers.
- Si tu me disais ce qui s’est passé ? Demanda Cherchebien à l’adresse de la jeune fille.
Charlotte ne répondit pas. Elle gardait le silence, mais elle donnait l’impression que les mots ne demandaient qu’à sortir.
- Tu veux quelque chose à boire ?
La jeune fille secoua négativement la tête et leva les yeux vers le policier.
- Je veux voir mon petit frère, annonça charlotte. Où est Maximilien ?
- Ton frère va très bien, on s’occupe de lui actuellement.
Le commissaire tira sur le nœud de sa cravate et déboutonna le premier bouton de sa chemise et remonta ses manches jusqu’au coudes.
- Calme-toi Charlotte, dit Cherchebien. Mme Muller nous a dit qu’il s’est passé des choses chez toi. Tu sais qui est Mme Muller ?
Charlotte secoua lentement la tête de haut en bas.
- C’est la voisine, dit-elle.
- Qu’est ce qui s’est passé à la maison, tu peux me le dire ?
- Je l’ai tué, répondit Charlotte d’une faible voix. Je l’ai ait tous tués.
Des larmes commençaient à lui couler sur les joues.
Non loin d’eux, Maximilien se trouvait dans une autre salle d’interrogatoire. L’inspecteur Lapierre, adjoint du commissaire, tenait la main du gosse et essayait de le calmer avec de douces paroles. Il avait l’air choqué mais l'inspecteur avait connu pire dans ses anciennes affaires.
- Tu veux que l’on parle de qui s’est passé ? Demanda L’inspecteur  à l’enfant.
Maximilien lui fit un oui timide et enfourna sa tête dans ses petits bras tout en sanglotant.
- Ils ne m’aimaient pas de toute façon, annonça Charlotte à Cherchebien.
Son ton était plus calme maintenant et ses mains tremblantes trahissaient une grande frayeur.
- Mais si, répondit le commissaire. Je suis sûr qu’ils t’aimaient.
- Non ! Cria Charlotte. Ils ne m’aimaient pas ! Ils ne m’ont jamais aimée d’abord.
Cherchebien était maintenant visser sur sa chaise tout en prêtant une attention particulière au récit que faisait Charlotte.
- ça allait faire presque un an, confia Charlotte
- Un an ?
- Toutes les fins de semaine, maman et papa faisaient venir des amis à la maison pour manger.
- Et tu n’aimais pas ces amis ? demanda Cherchebien d’un ton calme et rassurant.
- Non…je… Je n’aimais pas ce qu’ils me faisaient, mais je ne disais rien. Maman disait que c’était de ma faute tout ça car j’étais trop jolie.
- De ta faute ?
Charlotte renifla un petit coup et continua de parler. Ses yeux étaient rouges maintenant et Cherchebien lui tendit un mouchoir.
- Ils passaient toujours le même dessin animé quand ils le faisaient. Alice aux pays des merveilles. J’aime bien Alice. Avec le lapin Blanc et la méchante reine. Je ne voyais que les images, ils coupaient le son.
Le commissaire secouait lentement la tête de haut en bas pour lui montrer qu’il comprenait.
- Parfois, continua Charlotte. Parfois, il y avait des femmes. Mais c’était surtout des hommes qui étaient invités.
La voix de la jeune fille était plus que tremblante et ses yeux exprimaient de la colère.
- J’étais sur le canapé et je les regardais baissé leur pantalon. Et là…
- … Je l’entendais, dit Maximilien à l’inspecteur Lapierre.
Il avait relevé la tête, mais sa tête était baissée comme si la honte le rongeait de l’intérieur.
- J’étais dans ma chambre. Papa me disait toujours d’aller me coucher. Mais moi, je n’avais pas envie de dormir, alors j’écoutais à la porte.
- Tu as dit que tu l’entendais ? demanda l'inspecteur. Tu l’entendais faire quoi ?
- Je l’entendais pleurer.
- Pleurer ?
- Ce n’était pas fort, mais je l’entendais.
Lapierre avait l’estomac retourné. Il était sur le point de vomir. Il prit le verre d’eau posé sur la table et bu une gorgée.
- Et tu restais là à écouter ?
- Je…
- … Me disais que ça se passerait vite et qu’après je pourrais aller dormir. J’avais honte de moi.
Charlotte donnait l’impression de ne parler que pour elle-même. Son regard était vide d’émotion. Cherchebien était bouleversé. Cette jeune fille avait été violée à plusieurs reprises et avait subit des attouchements sexuels. Par qui ? Par des inconnus, ses propres parents, ses voisins. Des gens qui allaient et venaient et qui se servaient de Charlotte comme d’un vulgaire objet.
- Continue Charlotte, dit le commissaire.
- Ensuite je montais dans ma chambre et je me couchais. Derrière moi, j’entendais les amis de papa dire : « gentille petite Charlotte ». Mais cette fois, je ne me suis pas couchée.
- Qu’est ce que tu as fait Charlotte ?
Cherchebien avait une voix songeuse. Il écoutait le récit de la jeune fille avec, pour seule pensée, le traumatisme qu’elle avait pu subir.
- J’ai volé le pistolet du papa de Marie. Il va au stand de tir et il a plusieurs armes, j’en ai prit une. Il était déjà chargé. Marie m’avait dit qu’il avait toujours une arme chargée. Je l’ai caché sous mon oreiller. Je l’ai prit et je suis descendu.
- Tu as fait quoi ensuite ?
- J’ai…
- … J’ai entendu des coups de feu, annonça Maximilien.
Dans l’autre pièce, le garçon avait cessé de pleurer. L'inspecteur Lapierre comprenait, malgré le peu de détails que l’enfant lui disait.
- J’ai aussi entendu quelqu’un dire quelque chose, mais je n’ai pas compris. Je me suis caché sous le lit et j’ai attendu que ça se passe. Après je suis descendu et j’ai vu Charlotte qui tenait un pistolet. Il y avait des gens couchés à côté de maman et papa.
Sans demander son reste Charlotte était monté dans sa chambre. Dans sa lancée elle entendit un des hommes dire : « gentille petite Charlotte ». Dans sa chambre, Charlotte enfonça sa main sous son oreiller et en sorti un revolver. L’objet métallique était de couleur grise et sa crosse en bois de chêne. La honte avait disparu de son visage mais la haine animait ses yeux. Dans un état comme celui-ci, on est amené à faire des choses dénuées de sens. Le pistolet était chargé et lui jetait un sourire diabolique. Elle descendit les marches de l’escalier lentement et arrivé en bas, tira une première fois. La balle fendit l’air et alla transpercer le thorax de l’homme qui terminait de remettre son pantalon. Il s’écroula sur le sol, la tête sur le côté. Elle pressa une seconde fois la détente et BAM ! La balle siffla dans l’air avant de venir se loger dans la tête de son père.
- Oh ! Mon dieu, mais qu’est ce qui te prend ? Cria la mère de Charlotte.
Folle de honte, perturbée ou tout simplement désespérée, Charlotte fit un pas en avant et BAM ! La détonation raisonna dans toute la pièce et dans tout le quartier. Sa mère s’écroula sur le sol à côté du corps de son mari. Charlotte tira à nouveau, en direction de l’autre homme qui était resté tétaniser par la peur et la culpabilité. En plein dans le cœur. L’homme pressa sa main au niveau du cœur puis tomba en arrière.
Mme Muller, la voisine, regarda par la fenêtre et vit comme un flash accompagné un coup de feu. Elle se précipita sur le téléphone et composa le numéro de la police. Charlotte avait tiré une seconde fois sur l’homme qui était allongé sur le dos. Ses yeux vitreux exprimaient la terreur. Du sang s’échappait des corps maintenant sans vie.
Charlotte regardait tour à tour les visages de ceux qui avaient été autrefois des bourreaux. Elle s’assit prêt d’eux, l’arme posée prêt d’un corps. Elle se mit à sangloter.
Dans l’escalier, Maximilien descendit les marches et resta sans voix devant le spectacle. Quelques minutes plus tard, Le commissaire fit éruption dans la maison, avec lui d’autres policiers en uniformes. Au loin, l'inspecteur Lapierre était en train de parler avec Mme Muller. Une ambulance arriva toute sirène hurlante et des secouristes en descendirent.
L’interrogatoire était fini et une assistante sociale était venue chercher les enfants. Les deux policiers allaient pourvoir rédiger leur rapport.
- Comment va-t-elle ? , Demanda Lapierre à Cherchebien.
- Charlotte a beaucoup souffert, mon vieux, j’ai vraiment de la peine pour elle.
- Que vont-ils devenir ?
- Ce sera au juge d’en décider.
- Enfin, tout ça m’a rappelé une vieille affaire.
- Ah ! Bon. Laquelle ?
- Celle d’une fille abusée par son oncle pendant les vacances.

A  LUNDI

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