les larmes du vent

En septembre la Méditerranée semble renaître. C'est l'époque où ses plages désertées par les touristes rappellent que sous les serviettes-éponges il y avait du sable fin, où ses routes côtières offrent leurs charmes aux cyclistes, où le soleil rentre ses griffes et fait rayon de velours.
En attendant le vent, une voile abrite un grand chien noir qui se souvient des clameurs de l'été. En face, la presqu'île observe la danse amoureuse d'un couple de cerfs-volants.
La mer se repose. Ses flancs aux mille mamelles blanches d'écume se soulèvent doucement dans son sommeil. Sa tiédeur est idéale. Après un quart d'heure de brasse je ne pense déjà plus à rien. J'observe le sillage argenté de mes mains dont le mouvement régulier m'hypnotise presque. Tandis que je nage, mon corps sans poids se dissout. Je ne suis plus qu'une cadence de l'onde, un rêve de poisson, un souvenir de vague.
Je sens alors naître en moi une force intérieure. Partie de mon sternum elle s'échappe de mon rectum pour éclore en une arabesque de bulles cristallines aux reflets irisés. Je suis un vase offrant son ornement multicolore à Neptune, une mère dédiant le fruit de ses entrailles au dieu de la...
- Bref ! Tu as pété dans l'eau.
- Toi, il faut toujours que tu salisses ce qui est beau !