les larmes du vent

Comme tous les lundis, Aurélien est en retard pour l'école. il faut dire qu'après un week-end passé avec les copains, c'est toujours difficile de se lever pour aller retrouver les professeurs qui vont vous coller un devoir.
Aurélien a déjà utilisé plusieurs excuses pour justifier ses habituels retards : le réveil n'a pas sonné, le bus a été raté, la voiture n'a pas démarré ...
Aujourd'hui il a dit qu'il avait des nausées. En arrivant dans la rue des écoles, son regard traîne partout. Puis d'un seul coup, son regard est attiré. Il a vu des mains sortir d'un buisson. Le jeune homme avance vers l'arbuste et voit une jeune femme allongée dans l'herbe et qui baigne dans son sang.
Aurélien paraît alarmé. Il part vers le collège pour prévenir quelqu'un. Il s'aperçoit que la barrière est fermée. Il pose son vélo puis enjambe le portail et court vers la porte d'entrée de l'établissement.
Il ouvre la porte et rencontre le principal qui lui dit :
- Que fais-tu là ? Tu n'es pas en cours ?
- Non, mais il y a un problème, répond Aurélien.
- Mais quoi comme problème ?
- Ben, il y a une femme morte derrière un buisson devant le parking du collège.
- C'est vrai ou tu plaisantes ?
- Pourquoi, vous ne me croyez pas ?, crie Aurélien.
Avant d'aller vérifier, le principal est allé prévenir les différents responsables du collège. La secrétaire, le conseiller d'orientation, la documentaliste et le principal adjoint l'ont accompagné pour voir. Effectivement, Aurélien avait raison. Pendant que la documentaliste regarde si elle vit encore, le principal repart au collège pour prévenir les secours. Les gendarmes et les pompiers arrivent dix minutes plus tard.
Le commissaire de police, Gustave Cherchebien s'approche d'Aurélien qui avait suivi tout le monde.
- C'est toi qui a découvert le corps de cette femme ?, lui demande t-il.
- Oui, il était 9h15 quand je suis arrivé et que j'ai vu sa main dépasser. Vous voulez que j'aille au commissariat pour dire tout ça ?
- Non, non, tu peux retourner en cours, je me débrouillerai avec le principal et je t'appellerai s'il le faut.
Aurélien va donc ranger son vélo et met son antivol. En classe, le professeur avait  commencé son cours. Aurélien demande à lui parler dans le couloir et lui explique la raison de son retard. L'enseignant était un peu déboussolé par la nouvelle.
L'enquête de la police continue toujours dehors. Les gendarmes prennent des photos, mesurent la distance entre la femme et les buissons pour faire un schéma. Un autre policier la fouille pour savoir qui elle peut être. La jeune femme s'appelle Josiane Montaine. Elle est mariée, a 28 ans et habite 12 rue Ledent à Montreuil. Un scientifique relève des échantillons et les empreintes pour les analyses.
Cherchebien regarde sur la route. Il aperçoit des traces de pneus, du verre cassé et quelques gouttes de sang. Il le dit au scientifique qui ramasse quelques débris. Arrivé au laboratoire, il examine le verre et se rend compte qu'il s'agit d'une camionnette Citroën C5. A l'examen du sang, il s'aperçoit que c'est celui de la femme. Sa mort remonte au lundi vers 3H du matin.
Sur les lieux du crime, le commissaire décide d'interroger les voisins avec son collègue.
- Que faisiez-vous cette nuit vers 3H ?, demande le commissaire.
- J'étais ici, pourquoi ?
- Avez-vous entendu du bruit ou avez-vous vu quelqu'un passer dehors.
- J'ai été réveillé par le bruit d'un moteur et ensuite une porte qui claquait.
Cherchebien décide d'aller voir le mari de la femme. Devant leur maison, il remarque que tout est bien entretenu. Une voiture est garée devant la porte de garage, il devrait y avoir quelqu'un. En effet, c'est Monsieur Montaine qui leur répond. Après avoir annoncé la terrible nouvelle, il commence à lui poser des questions sur son épouse.
- Votre femme avait-elle l'habitude de sortir seule le dimanche soir ?
- Elle partait voir sa mère à Beaurainville le dimanche midi et rentrait souvent vers 21H30.
- Vous ne vous êtes pas inquiété hier soir de ne pas la voir rentrer ?
- Non, il arrivait parfois qu'elle dorme là-bas.
- Était-elle inscrite dans un club de sport ?
- Non, mais le dimanche matin, elle se promenait en vélo.
- Avait-elle l'habitude de sortir en discothèque le samedi soir ?
- Quelquefois, surtout quand je travaille.
- Et vous faites quel métier ?
- Je travaille chez un boucher et je vais l'aider pour préparer le repas des mariages.
- Vous entendiez-vous bien avec votre femme ?
- Oui, très bien, nous sommes mariés depuis sept ans.
- Très bien, si nous avons encore des questions, nous reviendrons vous voir.
Les deux policiers partent et décident d'interroger la voisine.
- Connaissez-vous bien vos voisins ?
- Ils habitent ici depuis cinq ans. Il est vrai que depuis un certain temps, on entend des disputes assez violentes. C'est souvent le soir et la nuit du samedi au dimanche. Sinon, ils travaillent tous les deux. Lui rentre vers 19H30 et elle vers 17H. Mais ces temps-ci, c'était beaucoup plus tard.
Après ces questions, ils se dirigent vers Gouy-st-André afin de parler avec le patron de la discothèque.
- Cette femme, demande-t-il en montrant la photo, vient-elle régulièrement chez vous le samedi ?
- Oui, elle vient pratiquement tous les samedis. Elle danse souvent avec la même personne. Il m'est arrivé de remarquer que son mari était au bar en train de la surveiller.
Le commissaire et son collègue vont ensuite voir le patron du mari.
- Monsieur Montaine fait-il bien son travail chez vous ?
- C'est un homme assez sérieux, il oublie simplement parfois de prévenir quand il est en retard.
- Lui avez-vous prêté votre véhicule dimanche?
- Non, il avait ma voiture depuis samedi pour un mariage et il devait me la rendre hier après-midi.
- Pouvons-nous la voir ?
- Si vous voulez, elle se trouve dans le garage du magasin.
A la vue du véhicule, les policiers voient qu'un phare est cassé. La marque est bien celle des débris de verre trouvés dans la rue des écoles.
Après avoir réfléchi quelques instants, le commissaire Cherchebien repart chez la victime.
- Avez-vous eu un accident avec la voiture de votre patron ?
Monsieur Montaine devient blanc. Il s'assoit sur le fauteuil et commence à pleurer. Depuis quelques mois, sa femme sortait de plus en plus. Elle rentrait très tard le soir après son travail et sortait tous les samedis. Il l'avait suivie certains jours et avait remarqué qu'elle rencontrait un homme. Quand il lui en a parlé, elle lui a dit qu'elle voulait divorcer.
Dimanche soir, il a pris la voiture du patron et est allé chez sa belle-mère. Il a dit à sa femme de monter dans le véhicule pour lui parler. Mais elle est descendue et est partie en courant vers la rue des écoles. Il l'a rattrapée et, sans réfléchir, il l'a fauchée. "En vitesse, j'ai mis son corps dans le buisson, et j'ai reconduit la voiture chez mon patron ", conclut-il.
Le commissaire lui passe les menottes. Cette nuit, il la passera en prison pour le meurtre de sa femme. Cherchebien, une fois de plus, se félicite d'avoir trouvé l'assassin aussi vite. Si toutes les enquêtes pouvaient être aussi faciles !

A  LUNDI